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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/331

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BOUQUETS ET PRIÈRES 317 les Souvenirs personnels et Silhouettes contemporaines, d’Auguste Barbier (Paris, Dentu, 1883), le récit de cette entrevue : " Au mois de décembre 1831, l’auteur de Marie et l’auteur des lambes arrivaient à Lyon, par un temps pluvieux, glacial, et très fatigués d’un voyage en diligence, qui leur avait coûté deux grands jours de route… Mon ami se souvint qu’une de ses plus vives admirations et une de ses plus chères amitiés, Mme Desbordes-Valmore, résidait à Lyon. Son mari était attaché au Grand-Théâtre de la ville. Il me demanda si je voulais l’accompagner dans une visite à l’aimable poétesse. -Très volontiers, lui dis-je, j’aime trop son talent pour ne pas désirer la connaître. -Eh bien, cherchons où elle peut demeurer : "Nous nous dirigeâmes rapidement vers le Grand-Théâtre où nous nous enquîmes, chez le concierge, de la rue et du numéro de la maison qu’habitait M. Valmore. C’était près du quai de la Saône qu’elle se trouvait, presque en face de l’église Saint-Jean. Nous atteignîmes bientôt l’endroit. La rue était étroite et assez triste, l’habitation, vieille et laide. On montait par un escalier noir en colimaçon, escalier tout en pierre et dont les murs humides suintaient l’eau à grosses gouttes. Nous nous arrêtâmes à plusieurs étages, mais lorsque nous y faisions tinter les sonnettes, on nous disait : "Plus haut. Enfin, au dernier on nous ouvrit une forte porte, et après avoir demandé si Mme Valmore était chez elle, il nous fut répondu : " Oui et nous entrâmes dans la salle à manger. Mon ami donna sa carte à la servante, et aussitôt nous vîmes une dame encore jeune, à la taille élancée, aux yeux bleus expressifs, et aux cheveux blonds tombant en boucles autour de sa tête, s’avancer vers nous en tendant les deux mains à mon compagnon. C’était Mme Desbordes. Elle embrassa mon compagnon qui me nomma et me présenta ; aimable sourire et gracieux salut de sa part, puis nous passâmes dans une grande chambre qui paraissait être un salon et dans un coin duquel jouaient deux petites filles près d’une table. Les deux enfants, sans bouger, arrêtèrent leurs jeux et nous regardèrent en silence. -Ah ! Messieurs, dit Mme Desbordes après nous avoir