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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/365

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

Tous les biographes de Marceline ont cherché à mettre un nom sur cette voix mystérieuse. Selon L. Descaves, c’était celle du docteur Alibert, et l’éminent écrivain cite à ce propos le témoignage de L. Bourdon : « Il professait sans gravité ; mais sa parole avait du charme, et le son de sa voix était enchanteur. » L. Descaves ajoute : « La remarque doit être juste ; car Beaugrand la confirme en disant que, dans sa vieillesse, Alibert avait conservé sa voix fraîche et harmonieuse. » (La vie amoureuse de M. D.-V.).

Pour M. J. Boulenger (Mme D.-V., sa vie et son secret), c’est la voix de H. de Latouche que Marceline célèbre, et cette assertion est appuyée par des citations nombreuses. « Sa voix, écrit M. de Comberousse, était un peu voilée, mais d’autant plus pénétrante » ; et George Sand : « Il avait une voix douce et pénétrante, une prononciation aristocratique et distincte. » « Il avait de la sirène dans la voix, écrit encore Sainte-Beuve » ; Émile Deschamps : « Sa conversation était séduisante comme sa voix » ; et Jules Lefèvre : « Sa voix, la plus caressante et la plus affectueuse… »

Le moment est venu, puisque nous parlons de Latouche, de discuter les opinions que divers valmoriens ont émises à son sujet.

« Si l’on veut absolument que Latouche soit Olivier et qu’Olivier soit Latouche, écrivait M. Lucien Descaves dans la Vie amoureuse de Marceline Desbordes-Valmore (pp. 166-67), il faut admettre que Marceline, dans sa candeur ou son cynisme, n’ait eu rien de plus pressé, une fois mariée, que d’introduire son ancien amant dans son ménage ; et il faut prêter, d’autre part, à Valmore assez de complaisance pour le juger capable, sachant ce qu’il sait certainement, de consentir à l’indigne replâtrage.

« Encore une fois, et c’est la dernière, les deux suppositions me paraissent aussi gratuites l’une que l’autre à l’égard d’un mari et d’une femme dont rien n’entache l’union intime et tendre.

« Car Marceline aima Valmore ; on n’en peut pas douter après avoir lu, imprimées, les lettres qu’elle lui adressa pendant