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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/367

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

celine, sans ressources et sans emploi, habitait alors chez son oncle Constant, dans l’ancien couvent des Capucines. Hyacinthe de Latouche, son aîné d’un an, était marié et père d’un jeune enfant. Le 25 juin 1810, deux ans après la rencontre chez Délia, naissait à Paris Marie-Eugène, le fils naturel de Marceline. En décembre 1811, nous retrouvons en Normandie, chez une de ses sœurs, la pauvre Marceline que son amant a brutalement quittée.

Au printemps suivant, Latouche, qui a obtenu un congé, abandonne femme et enfants ; il parcourt à pied ou à cheval le Midi de la France, « l’Helvétie entière et cette belle Italie qu’enchantent les rivages des deux mers[1] ».

En décembre 1812, il est de passage à Rome,

Rome, où ses jeunes pas ont erré, belle Rome[2]

Il rentre en France en 1814 et renoue avec Marceline, qui joue à l’Odéon depuis le 29 avril 1813. En 1815, les deux amants rompent d’un commun accord ; puis, en septembre de la même année, Marceline accepte un engagement à Bruxelles, au théâtre de la Monnaie. Elle a emmené son fils Marie-Eugène en Belgique ; mais celui-ci, de santé fort délicate, meurt le 10 avril 1816, à l’âge de cinq ans et demi. Le 4 septembre de l’année suivante, Marceline épousait à Bruxelles, l’acteur Lanchantin, dit Valmore, plus jeune qu’elle de sept ans. Une fille lui naquit, qui mourut en nourrice à l’âge d’un mois seulement. Puis les deux époux rentrèrent à Paris vers la fin de l’été 1818.

Le 5 octobre, Latouche écrivait à Marceline comme à une femme qu’on n’a jamais rencontrée : il irait lui présenter ses devoirs chez elle. Marceline, jouant la comédie, lui répondit en termes cérémonieux… et caressants. Les relations étaient renouées.

Quand parut le livre de M. Frédéric Ségu, les valmoriens crièrent au blasphème. Nourris des protestations d’amour dont

  1. Lettre inédite à Madame Duvernet, publiée par Fr. Ségu, pp. 36-37.
  2. Cf. la pièce célèbre de Bouquets et Prières.