Aller au contenu

Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/369

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
355
POÉSIES INÉDITES DE 1860

Mais voici l’Étonnement :

D’où sait-il que je l’aime encore ?
Je ne le dis pas… je l’ignore,
Je ne descends plus dans mon cœur,
Je crains d’y rapprendre un malheur.
Et de l’absence que j’abhorre
Lui qui prolongea la froideur,
D’où sait-il que je l’aime encore ?
Que sa mémoire me fait peur !
Il dit que l’amour sait attendre,
Et deux cours mariés s’entendre l
Et ce lien défait par lui,
Il vient le reprendre aujourd’hui.
Il dit nous comme à l’aube tendre
D’un jour heureux qui n’a pas lui :
Il dit que l’amour sait attendre :
J’écoutais… et je n’ai pas fui I
Je n’ai trouvé rien à répondre ;
Dans sa voix qui sait me confondre
Le passé vient de retentir,
Et ma voix ne pouvait sortir.
J’ai senti mon âme se fondre ;
Tout près d'un nouveau repentir,
Je n’ai trouvé rien à répondre ;
Non ! je n’ai pas osé mentir !
Dieu ! sera-t-il encor mon maître ?
Sa tristesse dit qu’il veut l’être ;
Sans cris, sans pleurs, sans vains débats,
Comme il veut ce qu’il veut tout bas.
Oui ! je viens de le reconnaître,
Rêveur, attaché sur mes pas.
Dieu ! sera-t-il encor mon maître ?
Mais, absent, ne l’était-il pas ?

Ce dernier vers est-il assez décourageant pour tous ceux qui pensent que, dès son mariage, Marceline aima Valmore d’un amour sincère ?