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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/370

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

Dans la deuxième quinzaine de mars 1821, Marceline rejoignait son mari à Lyon, où tous deux étaient engagés au Grand-Théâtre. Le 2 novembre suivant naissait Ondine, à laquelle Marceline Valmore donnait le prénom bizarre d’Hyacinthe, qui était le prénom de Latouche.

Des brouilles passagères surviennent entre les deux amants, qui ne se voient qu’à de rares intervalles ; car Marceline partage la vie errante de son mari.

Après avoir quitté Lyon, elle séjourne à Bordeaux, à Lyon, puis à Rouen. En février 1823, Marceline prie Madame Sophie Gay de redemander le portrait qu’elle a imprudemment offert à Latouche. Cependant le « Loup de la Vallée » mettait ses relations au service de son amie. En 1825, il fait des démarches auprès de Mme Récamier pour qu’elle obtienne du duc de Montmorency qu’il abandonne à Marceline sa pension d’académicien. C’est sur les conseils de la belle Egérie, sollicitée à nouveau par Latouche, que le duc commandera trois portraits au pauvre oncle Constant, dans le cours de l’année 1828. Latouche fait paraître des vers de Marceline dans le Mercure du XIXe siècle (1825-1826), dans la Psyché ; il en recueille et en choisit d’autres pour le libraire Ladvocat. « Une fois en ma vie, mais pas longtemps, écrira Marceline au poète Antoine de Latour qui lui avait demandé des renseignements biographiques (1836), un homme d’un talent immense m’a un peu aimée jusque-là de me signaler, dans les vers que je commençais à rassembler, des incorrections et des hardiesses dont je ne me doutais pas. Mais cette affection clairvoyante et courageuse n’a fait que traverser ma vie, envolée de côté et d’autre. »

En 1827, Marceline dédie à Latouche le Bouquet sous la Croix[1] qui paraît dans les Annales romantiques. En 1833, Marceline, revenue à Paris pour faire engager Valmore aux Français, publie son recueil des Pleurs qui contient huit épigraphes de Latouche, et l’Atelier d’un peintre, qui n’est qu’une transposition de sa propre histoire : l’héroïne est délaissée pour une coquette, que son amant poursuit jusqu’en Italie. Ce Yorick, ce

  1. V. Poésies de 1830, n° 12.