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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/372

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

Si c’est ainsi qu’une seconde vie
Peut se rouvrir,
Pour s’écouler sous une autre asservie[1],
Sans trop souffrir ;
Par ce billet, parole de mon âme,
Qui va vers toi,
Sans bruit, ce soir où t’espère une femme,
Viens et prends-moi !

Vers la fin d’avril 1839, Marceline confia Ondine et Inès à Latouche, qui les garda une dizaine de jours dans la maison qu’il habitait à Aulnay. Mais une brouille des plus graves survint entre les deux amants à propos de Louise Ségaut, une maîtresse de Latouche dont Marceline, sans doute, était jalouse ; à propos aussi d’Ondine que Latouche voulait enlever. On croyait — et Marceline laissait croire — que cet homme de 54 ans éprouvait une sombre passion pour cette enfant qui n’avait pas encore atteint sa dix-huitième année. Sainte-Beuve, mêlé à cette affaire, estimait particulièrement « odieux » cet amour, lui qui était au courant de bien des choses — mais pas de toutes — et qui écrivait aux Olivier, le 15 juillet de l’année précédente : « Savez-vous que les belles élégies brûlantes de Mme Valmore sont pour Latouche, le loup de la vallée, dont elle ne s’est pas encore réveillée, dit Guttinguer. » Ici se place une correspondance des plus étranges entre Marceline et son mari ; et l’on doit admettre qu’il était vraiment peu perspicace, cet homme si jaloux, pour n’avoir pas lu entre les lignes très embarrassées qu’il avait à lire presque tous les jours. En réalité, si Latouche aimait Ondine, c’était d’un amour pur, et il en avait le droit, car il était son père.

M. Ségu a retrouvé, en effet, dans la collection de Martigné une lettre inédite de Latouche à Charles Duvernet, datée du 20 août 1839 et qui porte le cachet d’Antony :

« … Je suis profondément triste, écrit Latouche, pour croire que la vie vaille à présent la peine d’un mouvement, d’un soin.

  1. Valmore, que nous savons jaloux, ne lisait donc jamais ni les lettres de sa femme, ni ses carnets, ni ses ouvrages !