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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/385

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

médecin a beau jurer qu’il n’y a pas de’danger réel dans cette lutte, je n’en suis pas moins consternée et malheureuse.

« … Comment as-tu subi les jours glacés qui viennent de nous geler ici ? As-tu trouvé moyen de t’en garantir, même en faisant du feu ? Nous, nous n’en pouvions faire à cause de la fumée, sans ouvrir les portes et les fenêtres. »

28 décembre 1844 (à Caroline Branchu).

« Ma chère Inès me jette dans des anxiétés que je n’ai pas besoin de te décrire. Voir souffrir son enfant, c’est plus que souffrir ! Quel cœur de femme saura mieux me comprendre que le tien, ma vraie sœur en tout ! »

15 mai 1845 (à la même).

« Inès ressent les mêmes tortures dans l’estomac, siège de sa maladie. Tu m’en demandes le nom, ma bonne Caroline : on la nomme une gastralgie. L’irritation s’est déplacée, en effet, pour descendre dans les entrailles, et enfin elle avait paru diminuer. Mais le temps affreux qui ramène presque l’hiver a ramené aussi chez ma pauvre enfant les atroces souffrances, dont elle avait respiré un peu durant quelques jours (sic). Elle ne prend qu’à peine des aliments pour les rejeter aussitôt. Quelle vie pour une jeune fille ! Toujours au lit et dans les larmes ! car le caractère de cette maladie est une profonde tristesse. (Originaux à la Bibliothèque de Douai).

Inès mourut quelques jours après que sa mère eut composé cette poésie. Hippolyte a raconté, dans une notice de l’édition Lemerre, dans quelles conditions Marceline l’avait écrite :

« Une nuit entre autres, vers la fin de l’année 1846, après avoir veillé quatorze nuits sa fille Inès qui se mourait, la nature succomba. Jetée toute vêtue sur un lit improvisé, elle attendait le sommeil qui vint, mais sans chasser la fièvre. Un songe enleva bientôt son esprit loin de la réalité cruelle. Ondine, sa fille aînée, Ondine rieuse et dansante apparaît au milieu d’un frais paysage de Flandre. La blonde enfant, toute de grâce, de vie et d’imprévu, apporte une trêve aux angoisses de sa mère. Des vers d’une mesure insolite se forment comme d’eux-mêmes en cet esprit qui veille dans le corps endormi et reproduisent,