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« Elle s’en va vers l’Angleterre
Pour se reposer de la terre ;
On la mettra sur un vaisseau,
Où je l’irai chercher, malgré ma peur de l’eau !

« Là !

« Je suis confondue de voir partir Ondine, même pour si peu d’instants.

« Nous vous tiendrons une cuillerée de chocolat tout prêt, demain vendredi, de neuf à midi, si vous pouvez mêler cette douceur à mon sacrifice. Moi, je vais la chercher dans trois semaines, pour la ramener aux examens définitifs. Cette sage petite fille mérite bien d’aller regarder nos bons ennemis sous le nez. » (Paris, jeudi, août 1841. Lettre publiée par Spoelbegh de Lovenjoul, dans Sainte-Beuve inconnu).

Marceline alla chercher sa fille au mois de novembre. Les traversées étaient dures avec les mauvais bateaux dont on disposait alors, et Marceline n’était pas précisément exempte d’appréhensions, comme on peut le voir par ces mots que nous avons relevés dans l’Album No 3 de la Bibliothèque de Douai :

« Dieu ! guidez-moi vers mon enfant ! (Boulogne, au bord de la mer) ».

Envoyant un mot de Londres à son mari, elle écrira : « La mer m’a beaucoup émue, surtout quand il a fallu me jeter à la grâce de Dieu, dans les bras de six hommes, en sortant du bateau à vapeur en rade, pour toucher dans un tout petit bateau qui venait nous chercher de Douvres. » (Londres, 9 nov. 1841).

Le retour d’Angleterre fut plus pénible. « Me voilà ! chère bien aimée, écrit-elle à Caroline. J’arrive de Londres, ma fille avec moi, bien portante, et je te serre contre mon cœur à étouffer le tien ; car tu es l’adorable origine de tout ce qui m’est arrivé d’heureux par ta fille.

« Je ne te dirai rien de ma double traversée, tu connais tout par toi-même, … et ce tout a été horrible en revenant. Bêtes et gens, tout a été tordu du mal de mer. J’ai fait cinq mille lieues sur ce terrible élément, mais je n’avais pas vu pire.