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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/394

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POÉSIES INÉDITES DE 1860

380 POÉSIES INÉDITES DE 1860 lui prodigua la tendre Marceline, elle mourut le 12 février 1853, du même mal qu’Inès. Citons cette lettre bien charmante, qu’Ondine adressait à son frère Hippolyte, de Saint-Denis d’Anjou, où elle s’était rendue avec son mari et sa mère pour se soigner : "Dans quelques jours, nous serons ensemble, cher frère, et il faut tout le besoin que nous avons de nous voir, pour nous consoler de rentrer dans ce Paris qui nous fait peur. Je n’ose pas penser à cette rue de Seine:il me semble que je vais retrouver là l’horrible hiver de l’an passé. Ici on oublie tout, on se plaint par genre, mais sans amertume; on n’entend point de sonnette. On s’éveille pour dire : "Va-t-on déjeuner ?, On se promène à âne et on rentre bien vite pour demander : "Va-t-on dîner ? Il y a des fleurs, des herbes, des senteurs de vie qui vous inondent malgré vous-même ; il y a une atmosphère d’insou- ciance qui vous berce et vous rend tout facile, même la souf- france. Que n’es-tu là ! Tu prendrais ta part à tant de biens ! Tu nous aiderais à traduire Horace dans un style élégant et phylosophique come celui-ci : 11 "Cueillons le jour, buvons l’heure qui coule, Ne perdons pas de temps à nous laver les mains ; Hâtons-nous d’admirer le pigeon qui roucoule, Car nous le mangerons demain…… "Ne fais pas attention au pluriel rimant avec un singulier, c’est une licence que la douceur de la température nous fait admettre. Nous devenons véritables angevins:molles, comme dit César ou un autre…, , (Saint-Denis d’Anjou, octobre 1852. Lettre publiée pas Boyer d’Agen.) Mais Marceline était moins optimiste; elle s’effrayait de 1’" état de maigreur, de sa fille. Elle écrit au docteur Veyne qu’Ondine doit "avoir le ver solitaire ; car nuit et jour elle mange sans apaiser sa faim. Elle est immuable dans son système de se traiter par l’homéopathie. (Saint-Denis d’Anjou, 20 octobre 1852. Lettre publiée par B. Rivière). Ondine rentre à Paris ; son état s’aggrave, et sa mère est