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Page:Cavallucci - Bibliographie critique de Marceline Desbordes-Valmore, tome 1.pdf/87

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POÉSIES DE 1825 73 Votre mère me lançait des yeux… de mère quand on s’at- taque à sa progéniture ; et vous alliez vous réfugier à l’ombre de sa jupe et vous osiez de là me crier : "Non !, , Vous sentiez que c’était un refrain salutaire. Alors, quand vous cachiez votre figure rouge et en larmes dans les genoux de votre faible mère qui m’eût battu de bon cœur, je dansais autour de vous deux, en chantant de toutes mes forces : Dans son ajustement ! Dans son ajustement !, Marceline avait une affection immense pour cet oncle, bien qu’il eût été trés sévère pour elle et qu’il ne lui eût pardonné que très tard sa " faute, de jeunesse (Voir la note du Pauvre Pierre). Constant Desbordes eut une vieillesse triste et besogneuse. Il mourut le 30 avril 1828. Quand Marceline, qui se trouvait à Lyon, apprit cette nouveile, elle lui écrivit cette lettre étrange et bouleversante, et qui n’a d’autre pendant dans la littérature que la lettre qu’Eugénie de Guérin écrivit dix ans plus tard à son frère mort : "Mon oncle ! — Adieu, mon oncle ! — Il y a une heure que je le sais. Tout est fini. — Adieu !… "Et j’ouvrais cette lettre sans défiance, car celle d’avant- hier m’avait tranquillisée. Vous étiez mieux, mon oncle. Je ne craignais rien en rompant ce cachet. Je cherchais une nouvelle certitude de votre convalescence. Hélas ! mon Dieu, à la se- conde ligne, j’ai reçu un coup dans le cœeur, je l’ai reconnu ! J’ai cru sentir des fils se casser dans ma tête et un nuage a passé sur moi. — Adieu, mon oncle ! — Mais regardez-moi main- tenant des yeux de votre âme qui m’a tant aimée. "Vous êtes bien sûr que je vous l’ai bien rendu. —Quel lien se brise pour moi ! Comme je sens qu’il a commencé avec ma vie, mon oncle ! J’étouffe de la douleur de ne pas vous avoir revu. Mais regardez-moi bien jusqu’au fond du cœur, ai-je assez souffert de vos peines ? Elles entraient dans les mien- nes, elles pèseront toujours sur ma mémoire et troubleront jusqu’à la douleur de votre souvenir ! Vous avez été bien mal-