Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/273

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DE CHAMFORT. . O.i^C)

trôiïe) montra quelqu'intérèt pour riiilorluné menacé de survivre. C'est lui que plaint surtout le mourant lui-même. « Tléias ! dit-il , que devien- » dra mon frère? je m'étais toujours flatté qu'il » mourrait avant moi. » G regret , peut-être sans exemple ! ô vœu sublime du sentiment , qui, dans ce partage des douleurs , s'emparait de la plus amère , pour en sauver l'objet de sa tendresse î Vous les avez sus , messieurs , ces détails que des récits fidèles vous apportaient tous les jours ;

vous avez frémi sur le sort d'un vieillard ,

j'allais dire abandonné, c'est presque l'épitliète de cet âge: mais non; ses amis se rassemblent , l'environnent , se succèdent ; des femmes jeujies, aimables, s'arrachent aux dissipations du monde , povir seconder des soins si touchans. Il a \écn poiu^ l'amitié : il est sous la tutelle de tous les cœurs sensibles. Ali ! qu'il est doux de voir dé- mentir ces tristes exemples d'un abandon cruel et trop fréquent , ces crimes de la société qui consternent l'âme, en lui rappelant ses bles- sures, ou lui présageant celles qui l'attejident 1 Avec quel soulagement, avec quel plaisir, le cœur abjure ces jDensées austères , ces sombres ré- flexions , qui nous présentent l'humanité sous un aspect lugubre; qui anticipent sur !a mort , en montrant l'homme isolé dans la foule , et séparé de ce qui l'entoure ! Un bonheur constant avait épargné à M. de Sainte-Palaye ces idées affligeante?,,

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