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244 OEUVRES

dégageai de ce chaos et voulus _entrer pour m'as- seoir.

Le garde qui était dans l'intérieur jii'aborda , et me demanda ce que je voulais. « Hélas! rien, lui répondis-je du ton d'un homme fatigué. — Dans le lieu où vous êtes , me dit-il , on ne croit plus à cette réponse. — Eh bien! monsieur, lui répliquai- je, ce que jç demande, c'est un peu de repos. — Ce n'est pas non plus ce que l'on vient chercher ici , et je doute que vous puissiez le trouver. Ce- pendant, asseyez-vous ; mais si vous ne désirez que la tranquillité , n'attendez pas le retour de ma maîtresse. — Eh puis-je, monsieur, vous demander qui elle est, lui dis-je très-poliment? — Elle se nomme Faveur. — En quoi votre maîtresse pour- rait-elle troubler mon repos ? — Monsieur paraît étranger? — Je le suis à beaucoup de choses, à presque tout. — C'est de bien bonne heure, me ré- pliqua-t-il : «et il me regarda bien fixement. Je ne sais si ma figure lui plut ; mais prenant un air plus ouvert et plus poli : «Faites-moi l'honneur de me suivre, me dit-il; je veux vous faire voir les ap- partemensde ma maîtresse. » Je le suivis; il ouvrit une porte, et je fiis ébloui à la vue de toutes les merveilles qui s'offrirent à mes yeux. J'avançai ; et, après m'étre livré à ma surprise, je regardai mon guide. «Tout ceci est magique , lui dis-je. — Point du tout, me répondit-il ; tous ces chefs-d'œuvres sont réels , mais faux. Sortons vite, si vous vou- lez que l'effet ne soit pas détruit dans quelques

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