Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/357

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feu, ⲧⲱⲙ (tôm), fermer, ⲟⲩⲱⲛϩ (ouônh), paraître, ⲟⲩⲱϣⲧ (ouôscht), adorer, ⲧⲣⲟⲡ (trop), coup, pulsation, &c.

Il est évident que les Égyptiens, puisque les mots primitifs et les mots dérivés monosyllabiques de leur langue étaient infiniment plus nombreux que les syllabes chinoises, ne purent songer à inventer un signe phonétique particulier pour chacun de leurs monosyllabes ; c’eût été, non pas représenter les sons de ces mots, mais créer une écriture idéographique excessivement imparfaite : il dut leur paraître bien plus simple d’analyser leurs monosyllabes, de séparer les articulations des voyelles qui les composent, de reconnaître le nombre des unes comme des autres, et de chercher enfin à représenter par des signes chacune de ces articulations et chacune de ces voyelles, de façon à pouvoir noter pour l’œil, et d’une manière facile, tous les mots de leur langue ainsi analysés. La nature même de la langue égyptienne conduisit donc aussi ceux qui la parlaient à rechercher l’invention d’un système d’écriture propre à représenter les sons et les articulations des mots, c’est-à-dire, l’invention d’une écriture phonétique alphabétique.

72. La solution d’un tel problème offrait une difficulté extrême, et celui qui la trouva le premier, changea, sans le savoir, la face du monde ; il décida à-la-fois de l’état social de son pays, de celui des peuples voisins, et de la destinée de toutes les générations futures. Les Égyptiens, qui, sans doute, avaient oublié ou n’a-