Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/365

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objets eussent pour initiale, dans la langue parlée, cette même voix ou cette même articulation.

Nous avons vu, en effet, que l’articulation R, par exemple, était représentée dans les noms propres d’empereurs romains, écrits en hiéroglyphes, tantôt par l’image d’une bouche, Ⲣⲱ (rô), tantôt par une larme, ⲣⲙⲉⲓⲏ, ⲣⲓⲙⲉ (rmeiê), et ailleurs par l’image d’une fleur de grenade, ⲣⲟⲙⲁⲛ, ⲣⲙⲁⲛ (roman, rman) ; l’articulation est figurée ici par l’image d’une hache, ⲕⲉⲗⲉⲃⲓⲛ, kelebin ; là, par celle d’une coiffure ou capuchon, ⲕⲗⲁϥⲧ (klaft) ; et dans d’autres noms, par l’image d’un genou, ⲕⲉⲗⲓ (kéli), &c.

Ces variations de signes et cet échange perpétuel de caractères n’apportaient aucun embarras dans la lecture, aucune incertitude sur le son exprimé, parce que le principe dont cette abondance de signes tirait son origine, était immuable et rigoureusement posé. Nous avons donné le titre d’homophones à tous les signes phonétiques destinés à représenter une même voix ou une même articulation.

84. Quoique j’aie déjà reconnu la nature phonétique de plus de cent caractères hiéroglyphiques[1], je regarde toutefois comme certain que le nombre des signes affectés à chaque voyelle ou consonne n’était point aussi étendu ni aussi variable qu’on pourrait d’abord le supposer. On verra des preuves directes de cette assertion, si l’on compare les noms et mots

  1. Voyez l’Alphabet ou Tableau général, planches I, II, et suiv.