Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/29

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fini ses expériences. Ah ! elle n’est pas comme les autres ! Georges Garnier en sait quelque chose... La voilà !

Une jeune femme venait d’apparaître sur le perron, une beauté blonde, saine, harmonieuse, resplendissante de vie, d’intelligence. Tout son aspect extérieur, — ses gestes, sa démarche, — trahissait une grâce un peu garçonnière. Elle s’avança vers Marc Vanel, la main tendue.

— Bonjour, Marc, je suis très heureuse de te revoir.

Elle tutoyait l’ami d’enfance, le collaborateur des premiers travaux, sans la moindre gêne, en camarade.

Animé de semblables sentiments, Vanel expliqua, en quelques mots, comment il était rentré en France, en compagnie du révolutionnaire moscovite. Il se tut sur ce qu’il avait fait pendant les années passées à l’étranger ; mais il s’enthousiasma sur son ami, qu’il présenta, avec chaleur, à la jeune fille.

En quelques phrases prononcées en russe, Jeanne Fortin exprima à Tchitchérine que la cause défendue par lui trouvait en elle des échos. Un peu révolutionnaire par tempérament, et même anarchiste en idée, elle comprenait fort bien l’audace d’avoir fait s’effondrer l’édifice formidable des tsars, dont les bases reposaient sur une oppression de tant de siècles.

— Je vous admire, fit-elle, en lui tendant la main. Mes vœux vous accompagnent.

Se tournant vers Marc Vanel :

— Et toi ?... Tu es parti, un jour, parce que plus rien ne t’intéressait en France, ni les contemporains, ni la science, ni tes collaborateurs. Tu ne pouvais choisir pour ami qu’un homme de grande valeur et d’une ambition immense de chambardement.

Marc Vanel essaya de protester.

— Ne te défends pas. Je connais ta misanthropie où il entre, peut-être, plus d’égoïsme que tu ne penses. Au fond, je te comprends : nos contemporains ne sont pas drôles, j’en conviens, et rien que l’étude de leurs âmes,