Page:Charles Peguy - Cahiers de la Quinzaine 3e serie vol 1-4 - Jaurès -1901.djvu/13

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— À la galerie des Machines ? lui demanda Pierre Deloire.

— Non, la salle des Fêtes, à Orléans. Et vous dites que vous savez la géographie ! C’est là qu’on tient les comptes rendus de mandats.

— Mais les images processionnelles des événements processionnels qui s’étaient placées dans ma mémoire au courant de ma durée n’y demeuraient pas inactives, puisqu’elles n’y étaient pas mortes. Vivantes elles travaillaient, agissaient, réagissaient mutuellement, se modifiaient donc et s’altéraient. Et incessamment les images nouvelles étaient grossies et en majeure partie formées des images précédentes. L’image du premier congrès demeurait au cœur du deuxième, et l’image du premier et l’image du deuxième ainsi grossie de l’image du premier demeuraient au cœur du troisième. Et incessamment, dans l’intérieur de chaque, toute image nouvelle était grossie des précédentes et continuant le mouvement s’apprêtait déjà pour ainsi dire à grossir les suivantes. Et non seulement elles, mais entre elles vivaient, agissaient et réagissaient et mutuellement s’éclairaient les images non négligeables des événements intercalaires. Et quel, désormais, voulez-vous que je vous fasse un compte rendu si à la confusion de la matière et à ma faiblesse vient s’ajouter cette altération perpétuelle de la matière par l’organe aux fins de la vie et aux fins de l’action, si à la faiblesse de l’ouvrier se vient ajouter la perpétuelle altération de la matière par l’instrument, par l’outil, et si cette altération n’est pas anormale et de la maladie, mais si au contraire elle est si normale et saine et si naturelle que