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mis le crime de ravir au peuple la mélodie, et l’on se faisait donner l’absolution catholique et romaine, protestante et évangélitiue. Pour se servir de l’expression de la critique allemande, on allait émanciper la religion par l’opéra, comme on avait émancipé les masses.

C’est ainsi que le compositeur devint véritablement le sauveur du monde. Dans cet homme, profondément inspiré, irrésistiblement entraîné, dans l’enthousiaste qu’on appelle Meyerbeer, nous avons à reconnaître le rédempteur moderne, l’agneau de Dieu destiné à porter les péchés du monde.

Ce n’est pas pourtant sans conditions que le musicien pouvait accomplir « l’émancipation de l’Église. » Si la religion voulait recevoir son salut de l’opéra, il fallait qu’elle se résignât à n’occuper parmi les autres émancipés, qu’une certaine place bien déterminée. C’était à l’opéra, libérateur du monde, à dominer la religion et non pas à la religion à dominer l’opéra. Et s’il devait entrer dans l’église, la religion n’eût pas été émancipée par lui mais bien l’opéra par la religion. En se plaçant au point de vue de la pureté du costume musicalement