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on se faisait un point d’honneur de l’attaquer tous les ans. J’avais copié de ma main la partition de cette symphonie, je l’avais arrangée pour piano. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque en l’entendant exécuter à ces concerts de Leipzig, je n’en reçus que les impressions les plus confuses ; mon découragement fut tel que, doutant de Beethoven, je cessai pour quelque temps de l’étudier. Je note d’ailleurs cette circonstance, que je ne commençai à goûter réellement la musique instrumentale de Mozart que quand l’occasion me fut offerte d’en diriger moi-même l’exécution. Mais la lumière ne se fit complètement pour moi que lorsque j’entendis en 1839, cette Neuvième symphonie de Beethoven, qui m’était devenue si suspecte, exécutée par l’orchestre du Conservatoire de Paris. Les écailles me tombèrent des yeux ; je vis toute l’importance du rôle de l’orchestre et je pénétrai du même coup le secret de l’heureuse solution du problème.

L’orchestre avait appris à apprécier, dans chaque mesure, la mélodie de Beethoven qui avait, de toute évidence, complètement échappé à nos braves musiciens de Leipzig ; et, cette mélodie, l’orchestre la chantait.