Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/117

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soupire qu’après son cher Memphis, où il t’emmènera.

— Vous savez bien, répondit-elle vivement, qu’Horace fera ce qui me plaira.

— Ne t’y fie pas. M. de Miraval le définit un doux entêté. Bon Dieu ! qu’irons-nous faire en Égypte, nous qui considérons la vie comme une mission, comme un apostolat ?… Le moyen d’exercer sa mission au fond d’un hypogée !

— Sur quelle herbe avez-vous marché ce soir ? » dit Mme Corneuil, en secouant sa belle tête de muse ennuyée et en plissant ses lèvres de Junon, d’une Junon qui n’a pas encore rencontré son Jupiter.

Mme Véretz tirait l’aiguille et fredonnait tout bas une ariette. Ce fut Mme Corneuil qui renoua l’entretien.

« Non, je ne sais ce qui vous prend. On dirait que vous vous appliquez à me dégoûter de mon bonheur. Ce mariage, qui l’a voulu, ou du moins qui l’a conseillé ?

— L’amour tient lieu de tout, ma fille. Ne regrette donc rien, puisque tu l’aimes.

— Mon Dieu ! vous savez bien que je n’ai pas rencontré l’homme de mes rêves. Mais j’aime Horace ; je veux dire qu’il m’a plu, qu’il me plaît…