Page:Cherbuliez - Amours fragiles, 1906.djvu/119

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enferma les deux lettres, pria sa mère d’y mettre l’adresse, sonna Jacquot et lui dit :

« Qu’à l’instant on porte ce pli à M. le comte de Penneville ! »

Après quoi elle se rassit dans sa causeuse.

« Ces pattes de mouche te brûlaient les doigts ? lui dit en souriant Mme Véretz.

— Vous auriez pu vous dispenser de me faire lire ces billevesées, répondit-elle.

— Des billevesées, ma chère ? Que dirait le marquis s’il t’entendait ? Il est terriblement allumé, ce pauvre homme. C’est sa faute ; pourquoi s’est-il approché de deux beaux yeux, qui sont accoutumés à faire des miracles ?

— Ah ! plus un mot ! lui repartit sa fille. Vous savez que je ne puis souffrir certain genre de badinages. »

Mme Véretz retourna à son tambour. Mme Corneuil se leva, se promena quelques instants dans la chambre d’un pas inquiet et fiévreux. Puis elle s’assit au piano et soupira d’une voix émue, passionnée, cette chanson de Mignon qu’Horace aimait tant. Elle s’arrêta au milieu du dernier couplet, et se retournant vers sa mère :

« Non, je ne vous comprends pas. Pouvez-vous bien me proposer sérieusement de renoncer à un