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LOIN DE LA TERRE NATALE

tions si intimes à bord du yacht « Le Dauphin  ». Il eut une idée plus compréhensive de la vie humaine en ce monde et pour ce monde ; et il se laissa très vivement impressionner pour la première fois des dernières paroles de son vieux curé de Saint-Germain, lui recommandant de se faire quelqu’un par son travail, par lui-même.

Fallait-il pour cela retourner dans son village, s’astreindre à y végéter entre des souvenirs et des privations ? N’allait-il pas plutôt chercher la protection du cousin riche là-bas ?

Non ! Ce serait encore la dépendance, une mendicité déguisée.

Le caboteur Després après quinze jours de cueillette et de chargement, en destination des postes de la rive nord du Saint-Laurent, a fixé son départ à la marée du lendemain. Jean, sans autre ressource que son travail disponible mais non encore en valeur, peut-il être moins humilié de le suivre dans ses courses pour vivre de son aide qu’il ne l’eût été de recourir à son cousin riche ?… Il savourait ce fruit aimer