Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/479

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et abandon de ceux qui eussent dû le secourir ; il a souffert dans la maison qui pouvait le mieux le délivrer de tous ces maux sans que personne ait daigné lui accorder la plus mince consolation ; il a vu celui qui le dédaignait jouir de mille délices, et malgré une vie d’iniquité n’être en butte à aucun accident fâcheux ; il n’a pu prendre modèle sur un autre Lazare, ni même se fortifier par les enseignements qui découlent du dogme de la résurrection ; à toutes ces misères que je viens de résumer, ajoutez la mauvaise opinion que le vulgaire a eue de lui ; enfin ce n’a pas été durant deux ou trois jours mais durant sa vie entière qu’il s’est vu dans le malheur, pendant que le riche possédait la félicité. Si Lazare a subi avec une si grande force d’âme l’épreuve de toutes ces calamités réunies, serons-nous excusables, nous qui ne sommes pas capables d’en supporter la moitié ? Vous ne pouvez, non, vous ne pouvez pas me montrer un autre homme qui ait jamais eu à supporter des maux si nombreux et si grands. C’est pourquoi le Christ a, en quelque sorte, affiché l’exemple de ce juste au milieu de l’univers, afin que, tombés à notre tour dans l’adversité, nous méditions sur l’excès de ses afflictions et nous retirions de sa sagesse et de sa patience l’encouragement et la consolation. Docteur universel, Lazare est toujours sous les yeux de ceux qui souffrent, il se montre à tous ; mais il les surpasse tous par le comble de ses malheurs. Après avoir rendu grâces de tous ces enseignements à Dieu qui aime tant les hommes, recueillons de cet entretien des fruits utiles ; portons avec nous le souvenir de Lazare dans les assemblées, dans nos demeures, au forum, partout enfin ; mettons un soin sérieux à comprendre toute la richesse des leçons que nous offre cette parabole, de telle sorte que, foulant d’un pied courageux les misères de la vie présente, nous conquérions les biens futurs. Puissions-nous, tous, en être jugés dignes par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent avec le Père et l’Esprit-Saint gloire, honneur, adoration à présent et plus tard et dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.