Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/500

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HOMÉLIE SUR LAZARE.



QUATRIÈME HOMÉLIE[1].

ANALYSE.


L’orateur débute par annoncer qu’il va terminer le sujet de la parabole de Lazare, et il le termine en effet en prenant à ces mots il y a pour jamais un grand abîme…, et en continuant d’expliquer jusqu’à la fin de la parabole. – Il montre d’abord par des exemples tirés de l’Évangile, et spécialement par celui du mauvais riche, que toutes les supplications que pourront employer ceux qui sortent de ce monde chargés de péchés, seront inutiles. – Il fait voir ensuite que la parabole actuelle est une excellente leçon pour les riches et pour les pauvres, qu’elle peut également réprimer les uns et consoler les autres, nous faire aimer la pauvreté et mépriser les richesses. – Il s’étend beaucoup à prouver que les Écritures et le simple raisonnement suffisent pour nous convaincre de l’existence d’une autre vie ; qu’il n’est point nécessaire que les morts reviennent pour nous en donner la certitude. – voilà ce qui compose la première moitié de ce discours ; la seconde moitié roule sur le pouvoir de la conscience, qui nous rappelle nos anciennes fautes, comme le prouve l’histoire de Joseph, qui est rapportée ici fort au long. – Au reste, on ne peut fixer la date de ce discours ni des trois autres.
1. Il faut que je termine aujourd’hui le sujet de la parabole du Lazare. Vous le croyez peut-être épuisé ; mais, incapable d’abuser de votre ignorance, je n’abandonnerai pas cette riche veine que je n’aie recueilli tout ce qu’elle peut m’offrir. Quoiqu’un vigneron ait achevé toute sa vendange, il n’abandonne pas sa vigne qu’il n’ait coupé les plus petites grappes qui restent cachées sous les feuilles. Puisque maintenant encore j’aperçois des sens cachés sous la lettre de l’Évangile, servons-nous de la parole comme d’un fer tranchant, et recueillons-les avec toute l’attention possible. Dès qu’une vigne est vendangée, elle reste dépouillée de fruits, et n’offre plus que des feuilles. Il n’en est pas de même de la vigne spirituelle des divines Écritures : quand nous aurions recueilli tout ce qui paraît aux yeux, il reste toujours plus que nous n’avons trouvé. Plusieurs avant nous ont déjà traité le même sujet, plusieurs après nous le traiteront peut-être encore, sans que personne en épuise toute la richesse. Telle est la nature de cette source abondante et intarissable, que plus on creuse, plus on en voit jaillir des sens et des enseignements divins.
J’aurais dû vous payer cette dette dans la précédente assemblée ; mais je n’ai pas cru pouvoir passer sous silence les actions du bienheureux Babylas, ni des deux martyrs qui se sont présentés après lui[2]. Voilà pourquoi nous avons différé jusqu’à ce jour à nous acquitter envers vous de tout ce que nous vous devons. Mais puisque nous avons payé à nos pères spirituels un tribut de louanges, tribut proportionné sinon à leur mérite, du moins à nos forces, achevons de vous payer ce qui reste de la parabole de l’Évangile. Nous allons reprendre notre discours où nous l’avons laissé ; soyez attentifs, et écoutez-nous patiemment jusqu’à la fin.

  1. Traduction de l’abbé Auger, revue.
  2. On trouve dans le second tome de l’édition des Bénédictins, une homélie sur le bienheureux Babylas, et une autre sur les martyrs Javentin et Maximin ; ce sont les deux dont il est ici question.