Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/516

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hommes n’eut pas cru qu’on l’avait trompé en lui promettant une postérité nombreuse ? Mais, Abraham ne pensa pas ainsi. Job ne mérite pas moins d’être admiré pour sa constance et sa modération dans le malheur. En effet, après avoir montré tant de vertu, après avoir signalé sa charité et sa bienfaisance, pouvant se rendre le témoignage que ni lui ni ses enfants n’avaient fait aucun mal, il se vit accablé d’une affliction nouvelle et extraordinaire, telle que les plus scélérats n’en avaient jamais éprouvé de semblable, et néanmoins il s’éleva au-dessus des idées communes, il ne crut pas, parce qu’il était malheureux, que la vertu était inutile, et que jusqu’alors il avait pris un mauvais parti. Nous ne devons donc pas seulement les admirer l’un et l’autre à ces deux titres, mais, pleins d’une noble émulation, nous efforcer de les imiter. Et qu’on ne m’objecte pas que c’étaient des hommes admirables et d’un héroïsme qu’il n’est pas donné à tous d’avoir. Oui, sans doute, c’étaient de grands hommes, des hommes admirables, mais on nous demande encore plus de vertu et de sagesse qu’à ces deux saints et à tous ceux de l’Ancien Testament : Si votre justice, dit l’Évangile, n’est plus abondante que celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. (Mat. 5, 20).
Ainsi donc, instruits de tout côté, recueillant ce que nous avons dit de la résurrection, et des deux hommes que nous vous avons proposés – pour modèles, travaillez sans cesse à tranquilliser vos âmes, dans le temps de l’affliction, et même lorsque vous êtes exempts de douleur. Voilà pourquoi, j’ai traité le sujet dont je viens de vous entretenir, quoique aucun de vous ne soit dans la tristesse, afin que lorsque nous tomberons dans quelque disgrâce, nous nous rappelions ces discours, et que notes y trouvions une consolation suffisante. C’est ainsi que les soldats s’occupent en temps de paix d’exercices militaires, afin que, lorsqu’il faudra combattre, lorsque les circonstances demanderont des hommes aguerris, ils fassent usage à propos de l’habileté et de l’expérience qu’ils auront acquises pendant la paix. Nous de même, tandis que nous sommes tranquilles et paisibles, préparons des armes et des remèdes, afin que, lorsque nous serons assaillis par des maux extrêmes, que nous serons en butte à quelque affliction ou à quelque douleur, nous trouvant alors bien armés, munis de toutes parts, fortifiés de réflexions utiles, des préceptes de Dieu, et des exemples des saints, nous repoussions avec autant de force que d’adresse les attaques de l’esprit impur. Ainsi nous pourrons passer tranquillement la vie présente, et obtenir le royaume céleste, par la grâce de Jésus-Christ, à qui soient la gloire et l’empire, avec le Père et le Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.