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HOMÉLIE SUR LAZARE.



SIXIÈME HOMÉLIE. SUR LE TREMBLEMENT DE TERRE, ET SUR LAZARE ET LE MAUVAIS RICHE.

AVERTISSEMENT ET ANALYSE.


Cette Homélie ne se lisait qu’en partie dans les anciennes éditions ; les Bénédictins l’ont complétée sur la foi de deux manuscrits[1], que ce fragment est pris dans d’autres homélies de saint Chrysostome, et que la fin en est interpolée. (Note du nouvel éditeur de dom Ceillier). – Elle ne fut prononcée que quelque temps après les précédentes, mais dans un temps néanmoins où le peuple d’Antioche pouvait se souvenir aisément de ce que saint Jean Chrysostome avait dit de Lazare et du mauvais riche dans ses premiers discours. – Un tremblement de terre donna occasion à celui-ci ; mais il n’est pas facile de dire quel fut ce tremblement de terre et l’année dans laquelle il arriva, parce que ces tremblements étaient très-fréquents à Antioche. Il y en eut un en 387, avant le renversement des statues de Théodose, et notre saint Docteur, dans sa troisième Homélie sur les Statues, témoigne que la terre avait été secouée plusieurs fois. – Il y en eut aussi les années suivantes, ainsi qu’on le voit dans une homélie éditée par le père Combefis, et où il est parlé d’un tremblement de terre qui avait secoué la ville pendant deux jours. – Marcellin, dans sa chronique, parle d’un grand tremblement de terre qui, en l’année 394, secoua quelques provinces d’Europe. – Le même auteur fait mention d’un autre tremblement qui arriva deux ans après, et qui ébranla tout l’univers. – Si on en croit quelques critiques, et en particulier Hermant, celui dont il est parlé dans ce sixième discours est le tremblement général arrivé en l’an 396. – Ils se fondent sur ce qui est dit au commencement que ce tremblement avait secoué tout l’univers. – Cette opinion serait acceptable s’il fallait prendre à la lettre les expressions du saint Docteur ; mais comment saint Chrysostome, qui prononçait son discours lorsque le tremblement de terre avait à peine cessé, aurait-il pu savoir que ce tremblement s’était fait sentir, je ne dirai pas dans toutes les parties de l’univers, mais seulement dans les provinces voisines ? – Il parait bien plus raisonnable de considérer que c’est un orateur qui parle, et qui se sert de termes consacrés par la sainte Écriture. – Il est donc difficile de rien décider sur l’époque précise de cette homélie : ce qu’il y a seulement de certain, c’est, comme nous l’avons dit, qu’elle ne fut pas prononcée bien longtemps après les précédentes. Dieu a manifesté sa puissance et sa bonté dans le tremblement de terre ; mais le jour du jugement sera bien plus terrible encore. – On ne prêche pas inutilement, quand même peu de monde profiterait ; ce n’est pas le tremblement de terre qu’il faut craindre, mais la cause qui l’a produit. – Ce ne sont pas ceux qui sont affligés que l’on doit plaindre, mais ceux qui pèchent. – Pour le prouver, le saint Docteur revient à sa parabole, surtout en faveur de quelques étrangers, et parle d’abord du mauvais riche. – Il parle ensuite du pauvre Lazare et en vient à comparer les choses humaines à une pièce qui se joue sur la scène. – Dans l’autre vie chacun paraît ce qu’il est véritablement ; la noblesse ne consiste pas dans l’illustration des ancêtres, mais dans la vertu. – Origine de l’esclavage ; déluge de Noé ; comparaison de l’arche avec l’Église ; usage du vin pour guérir la tristesse. – Quel est le véritable esclavage ; quelles sont les véritables richesses ; pourquoi Abraham dit-il au mauvais riche : Tu as reçu tes biens. – Divers degrés parmi les justes et parmi les pécheurs, mais personne n’est sans péché ; le bien et le mal reçoivent ce qui leur est dû.
1. Avez-vous contemplé la puissance de Dieu, avez-vous contemplé sa bonté ? sa puissance en ce qu’il a ébranlé la terre ; sa bonté en ce qu’il l’a soutenue dans sa chute, ou plutôt, sa puissance et sa bonté dans l’un et dans l’autre cas. En effet, l’ébranlement fut un acte de puissance, et l’affermissement un acte de bonté : il a ébranlé la terre tout entière, et il l’a affermie ; il l’a soutenue quand, fortement agitée, elle était sur le point de tomber. Le tremblement a cessé, il est vrai, mais que la crainte persiste ; cette agitation a disparu, mais que la piété ne disparaisse pas. Pendant trois jours nous avons fait des supplications, mais ne laissons pas se refroidir en nous la ferveur. En effet, la cause du tremblement de terre c’est notre tiédeur : nous sommes devenus

  1. On prouve, dans l’édition Gaume (tome XIII, 2e part., préf., p.2