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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/518

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tièdes, et nous avons attiré sur nous le tremblement de terre ; nous avons montré de la ferveur et nous avons conjuré la colère : ne soyons plus tièdes à l’avenir, afin de ne pas appeler de nouveau sur nous la colère et le châtiment. Car Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais plutôt qu’il se convertisse et qu’il vive. (Eze. 33, 11) Avez-vous senti la fragilité de la race humaine ? Lorsque le tremblement de terre se faisait, je réfléchissais en moi-même, et je me disais : Où sont les rapines ? où sont les tromperies ? où sont les pouvoirs tyranniques, les excès d’orgueil ? la puissance des maîtres, les oppressions, les spoliations des pauvres, l’arrogance des riches, l’autorité des magistrats ? Où sont les menaces ? où sont les alarmes ? Un seul instant a tout emporté, tout détruit avec plus de facilité qu’une toile d’araignée ; la ville retentissait de gémissements, et tout le monde courait à l’Église. Demandez-vous ce que nous serions devenus s’il avait plu à Dieu de tout renverser. Si je parle ainsi, c’est afin que la crainte de ce qui est arrivé demeure vive en vous, et qu’elle soutienne l’esprit de tous. Dieu a ébranlé, mais il n’a pas renversé, et il n’aurait pas ébranlé, s’il avait voulu renverser. Mais comme il ne le voulait pas, le tremblement de terre est venu d’avance comme un héraut notifier à tous la colère divine, afin que la crainte nous rendant meilleurs, nous conjurions le châtiment dans sa réalité. Dieu en agit de même autrefois avec les Barbares : Encore trois jours, et Ninive sera détruite ! (Jon. 3, 4) Pourquoi, Seigneur, ne renversez-vous pas ? Vous menacez de détruire, et pourquoi ne détruisez-vous pas ? – C’est précisément parce que je ne veux pas détruire, que j’en fais la menace. – Mais pourquoi le dites-vous donc ? – C’est afin de n’être pas obligé de faire ce que je dis : que la parole prenne l’avance, et qu’elle empêche l’action : Encore trois jours, et Ninive sera détruite ! Alors c’était un prophète qui parlait ; aujourd’hui ce sont nos murs qui élèvent la voix. Je vous le dis et je ne cesserai de le dire aux pauvres aussi bien qu’aux riches : considérez combien est grande la colère de Dieu, et combien tout lui est facile et peu coûteux, et ne soyons plus vicieux. En un instant si court, comme il a mis le trouble dans les pensées et l’esprit de chacun, et ébranlé les cœurs jusque dans leurs fondements !
Et si nous réfléchissons à ce jour formidable, dans lequel il ne sera plus question d’un instant, mais de siècles sans fin, de fleuves de feu, de colères menaçantes, de puissances traînant au jugement, d’un tribunal terrible et d’un juge incorruptible, lorsque les actions de chacun se présenteront devant ses yeux, et qu’il n’y aura personne pour lui prêter secours, ni voisin, ni avocat, ni parent, ni frère, ni père, ni mère, ni hôte, ni personne, que ferons-nous alors, dites-le-moi ? J’excite la crainte afin de procurer le salut ; j’ai rendu mon enseignement plus incisif que le glaive, afin que ceux de vous qui seraient atteints d’un ulcère s’en débarrassent. Ne vous ai-je pas toujours dit, et maintenant je vous le dis encore, et je ne cesserai de vous le dire, jusques à quand serez-vous donc cloués aux choses de la vie présente ? Je le dis à tous, il est vrai, mais spécialement à ceux qui sont atteints de cette maladie, et qui ne font pas attention à ce que je dis ou plutôt mes paroles sont utiles aux uns et aux autres ; à celui qui est malade, afin qu’il recouvre la santé ; à celui qui est en bonne santé, pour qu’il ne tombe pas malade. Jusques à quand les biens de ce monde ? jusques à quand les richesses ? jusques à quand la magnificence des édifices ? jusques à quand la frénésie pour les voluptés brutales ? Voici qu’un tremblement de terre est arrivé : à quoi ont servi les richesses ? Les uns et les autres ont perdu le fruit de leur travail, l’argent a péri avec son possesseur, la maison avec celui qui l’avait fait bâtir ; la ville est devenue pour tous un tombeau commun, tombeau bien rapidement construit, non par la main des artistes, mais par une affreuse calamité. Où sont donc les richesses ? où est la cupidité ? Ne voyez-vous pas que tout cela est plus vil que la toile de l’araignée ?
2. Mais, me direz-vous, à quoi vous sert-il de parler ? j’y gagne quelque chose si l’on m’écoute. Pour moi je remplis mon ministère : le senseur sème. Le semeur s’en alla semer : une partie de la semence tomba le long du chemin, une autre partie sur la pierre, une autre partie entre les épines, et une autre partie dans une bonne terre. (Mat. 13, 3) Trois parties furent perdues, et une seule fut préservée ; et cependant le semeur n’abandonna point son champ ; mais parce qu’une partie avait été préservée, il ne cessa point de le cultiver.
Et à cette heure aussi il est impossible que