Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 2, 1864.djvu/521

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saluez-la en disant : Paix à cette maison ! Et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix vous revienne. Et si quelqu’un ne veut pas vous recevoir ni écouter vos paroles, en sortant de la ville secouez la poussière de vos pieds. Je vous le dis en vérité, au jour du jugement il y aura moins de rigueur pour Sodome et Gomorrhe que pour cette ville-là. Mais en quelque ville ou maison que vous entriez, enquérez-vous du plus digne et demeure chez lui jusqu’à votre départ. (Mat. 10, 11 et suiv). Ces paroles prouvent évidemment que les habitants de Sodome et de Gomorrhe qui furent punis ici-bas sont encore châtiés dans l’autre vie ; lorsque Jésus-Christ dit qu’il y aura moins de rigueur pour les Sodomites que pour ceux dont il parle, il montre que les premiers sont châtiés, mais avec moins de rigueur que les seconds.
4. Il y en a d’autres qui sont punis seulement ici-bas, comme ce débauché dont parle le bienheureux Paul dans sa première épître aux Corinthiens (v, 1) : C’est un bruit constant, dit-il, qu’il y a de l’impureté parmi vous, et une telle impureté qu’il n’en est point de semblable parmi les païens ; c’est au point que l’un d’entre vous abuse de la femme de son père. Et vous êtes encore enflés d’orgueil ! et vous n’avez pas plutôt versé des pleurs pour que celui qui a commis cette action fût retranché du milieu de vous ! Pour moi, absent de corps, à la vérité, mais présent en esprit, j’ai déjà jugé comme si j’étais présent celui qui est coupable de ce crime ; vous étant donc rassemblés, et mon esprit étant présent au milieu de vous, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, que le coupable soit livré à Satan pour être tourmenté dans sa chair, afin que son âme soit sauvée au jour du Seigneur Jésus. Vous voyez comment l’incestueux de Corinthe est puni ici-bas et ne l’est pas dans l’autre vie ; son corps ayant subi son châtiment en cette vie, il n’est pas puni dans l’autre. Mais je veux maintenant vous montrer celui qui a vécu dans les délices ici-bas puni dans l’autre vie. Il y avait un homme riche. Quoique vous connaissiez d’avance toute la suite du récit, attendez la fin du discours. C’est à ma louange, et cela fait votre éloge, qu’à peine ai-je semé mon début, vois cueillez déjà le fruit. Votre assiduité à mes instructions a fait de vous des docteurs : mais puisqu’avec vous sont venus ici quelques étrangers, veuillez bien ne pas courir et attendre les boiteux. En effet, l’Église est un corps ; elle a des yeux, elle a une tête. Si une épine entre dans le talon, 1'œil se baisse parce qu’il fait partie du corps, et il ne dit pas : Puisque je suis placé en haut, je méprise le membre d’en bas ; mais il se baisse et abandonne sa position élevée ; et cependant quoi de plus vil que le talon et quoi de plus noble que l’œil ? Mais la sympathie naturelle fait disparaître l’inégalité et la charité rend tout commun. Vous aussi faites de même. Quoique vous soyez prompts à ; concevoir et disposés à entendre, si vous avez un frère qui ne saisisse pas les vérités que l’on expose, que votre ceil se baisse vers le talon, qu’il compatisse au membre boiteux, de peur que par l’effet de la vivacité de votre esprit, et par l’effet de la lourdeur du sien, il ne demeure privé d’instruction. Ne faites pas servir votre intelligence à sa perte, mais rendez grâces à Dieu de votre promptitude à concevoir. Êtes-vous riches, je m’en réjouis et j’en ressens du plaisir, mais celui-ci est encore dans la pauvreté ; que vos richesses ne soient pas la cause de son indigence. Il a une épine, je veux dire une raison troublée, baissez-vous donc jusqu’à lui, et arrachez cette épine. Mais Jésus-Christ, que dit-il ? Il y avait un homme riche, riche de nom, mais non en réalité ; il y avait un homme riche qui se vêtait de pourpre, qui s’asseyait à une table somptueuse, qui avait ses cratères remplis de vin jusqu’au bord, qui faisait des festins tous les jours ; et il y avait aussi un pauvre nommé Lazare. (Luc. 16, 49) Et le nom du riche, où est-il ? Nulle part : il n’a pas de nom. Quelles immenses richesses ! et on ne trouve pas le nom du possesseur ! Que sont-elles ces richesses ? Un arbre couvert de feuilles, mais privé de fruit ; un chêne qui s’élève bien haut, et qui produit le gland, nourriture des animaux ; un homme qui ne porte pas le fruit de l’homme. Si l’on voit quelque part les richesses et les rapines, c’est un loup que l’on voit ; si j’aperçois quelque part les richesses et la férocité c’est un lion que j’aperçois, et non un homme : l’ignoble méchanceté lui a fait perdre la noblesse de sa race. Il y avait un homme riche, qui chaque jour se vêtait de pourpre, mais dont l’âme était remplie de toiles d’araignée ; qui aspirait des parfums, mais qui était plein de puanteurs ; qui s’asseyait à une table somptueuse, qui nourrissait des parasites et des flatteurs, et qui engraissait l’esclave, c’est-à-dire, son corps, mais qui