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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/249

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et vous me vivifierez, c’est-à-dire vous pouvez sauver celui qui est tombé dans les plus grands dangers ; vous pouvez, chose prodigieuse, incroyable, du sein même des tortures, du milieu même des ennemis, retirer, mettre en sûreté, celui que tant d’épreuves assiègent. « Vous avez étendu votre main contre la fureur de mes ennemis ; » un autre interprète : « Vous étendrez votre main contre le souffle de mes ennemis. » Comprenez-vous, dans les deux textes, la manifestation de la plus grande puissance ? car voici ce que dit le Psalmiste : « Au milieu même des douleurs, vous pourrez me sauver. » Ces furieux que la rage transporte, qui vomissent des flammes, vous pouvez les renverser, les jeter par terre. « Et votre droite m’a sauvé ; » un autre : « Et votre droite me sauvera », c’est-à-dire, votre puissance, votre force. Car Dieu est fécond en ressources et en moyens ; il ne lui coûte rien de sauver ceux qui étaient dans le désespoir. « Le Seigneur acquittera pour moi (8) ; » un autre : « Le Seigneur payera avec moi ; » un autre « Achèvera le paiement », c’est-à-dire, punira mes ennemis. Il ne dit pas, punira, mais « acquittera pour moi », montrant par là que, tout obligé que je suis à rendre un compte, c’est lui-même qui payera et satisfera. Car il est plein de bonté ; on peut d’ailleurs appliquer ces paroles à ce que le Christ a fait pour nous ; car c’est lui quia tout acquitté pour nous. « Seigneur, votre miséricorde est éternelle ; ne méprisez pas les ouvrages de vos mains. » Le Psalmiste donne ici deux raisons qui expliquent pourquoi l’on peut se concilier la clémence de Dieu ; l’une, c’est qu’il est plein de miséricorde et de bonté, que sa miséricorde ne se dément pas, ne connaît pas de bornes, que sa clémence ne s’arrête jamais ; l’autre, c’est qu’il est notre créateur et celui qui nous a faits.
Mais si nous voulons être sauvés par cette clémence, par cette bonté, montrons, de notre côté, que nous ne sommes pas indignes de la miséricorde. (Ex. 33,19) « Je ferai miséricorde à qui il me plaira de faire miséricorde. » (Rom. 9,15) Dieu, en effet, ne fait pas miséricorde sans aucune espèce de discernement. Dieu fait quelque distinction ; s’il agissait sans discernement, personne ne serait puni. C’est pourquoi ne faisons pas notre devoir seulement pour obtenir la miséricorde, mais aussi parce que c’est Dieu qui nous a faits. La créature qui est l’ouvrage de Dieu, l’ouvrage d’un si grand artisan, d’un tel roi, doit se conduire de manière à mériter tant de sollicitude et d’affection prévoyante. Si telle est notre conduite, nous obtiendrons les biens à venir. Puissions-nous tous entrer dans ce partage, par la grâce et par la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l’empire, dans les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.