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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/250

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EXPLICATION DU PSAUME CXXXVIII.


POUR LA FIN, A L’AUTEUR DE LA VICTOIRE. – « SEIGNEUR, VOUS N’AVEZ ÉPROUVÉ ET CONNU. »

ANALYSE.

  • 1 et 2. Comment doit s’entendre l’expression vous m’avez éprouvé, appliquée à Dieu. Qu’est-ce à dire être assis et être levé ? De la prescience de Dieu. Qu’elle ne rend pas l’homme bon ou mauvais.
  • 3. Ténèbres veut dire affliction, nuit, adversité Tout est souple quand Dieu commande. à son ordre les éléments produisent des effets contraires à ceux qu’ils produisent ordinairement.
  • 4 et 5. Nous sommes la propriété de Dieu, c’est pourquoi il prend soin de nous. Fuir les hommes de sang, éviter les méchants. La voie éternelle, c’est la voie de la vertu.


1. Que dites-vous ? Dieu a eu besoin de vous éprouver pour vous connaître ? Avant de vous éprouver, il ne vous connaissait pas ? Loin de nous cette pensée. Comment serait-elle vraie de celui qui connaît toutes choses avant leur naissance ? Ces paroles : « Vous m’avez éprouvé », signifient, vous avez, de moi, une connaissance parfaite ; de même quand l’Apôtre dit : « Celui qui pénètre le fond des cœurs », il n’exprime pas l’ignorance, mais la science parfaite ; et ici, le Psalmiste disant. « Vous m’avez éprouvé », exprime la connaissance la plus sûre ; c’est comme s’il disait : vous avez, de moi, une connaissance parfaite. « Vous m’avez connu, que je fusse assis ou levé (2). » Par ces expressions, « être assis » et « être levé », il marque la vie tout entière. Ces deux positions embrassent toute la vie, agir, entreprendre, entrer, sortir. Ensuite, comme il a dit en commençant : « Vous m’avez éprouvé », il ne veut pas qu’on s’imagine étourdiment que Dieu a besoin d’éprouver, d’expérimenter pour connaître, et il ajoute « Vous m’avez connu, que je fusse assis, ou levé. » Voyez encore la correction résultant des paroles qui suivent : « Vous avez découvert de loin mes pensées. » Le Psalmiste montre par là que Dieu ne connaît pas, pour avoir fait une expérience ; que Dieu n’a pas besoin d’expérience, mais que sa prescience connaît tout. Celui qui connaît les pensées encore cachées dans notre esprit, n’a pas besoin des actions qui les manifestent ; et d’ailleurs il ne connaît pas seulement nos pensées, quand elles sont dans notre esprit, mais il les connaît avant qu’elles y soient ; et non seulement avant qu’elles y soient, mais encore bien longtemps auparavant. Voilà pourquoi le Psalmiste, voulant mettre cette vérité en évidence, ajoute « Vous avez découvert de loin mes pensées. » Mais, si Dieu connaît jusqu’aux pensées, pourquoi provoque-t-il la manifestation des pensées par les œuvres ? Ce n’est pas parce que lui-même a besoin de connaître, mais c’est parce qu’il veut que les actions glorifient ceux qui les font. Dieu connaissait Job avant de l’avoir mis à l’épreuve ; aussi en rendait-il ce témoignage : « Un homme juste, aimant la vérité, et qui craint Dieu. » (Job. 2,3) Mais Dieu l’a rois à l’épreuve, pour le rendre plus fort, pour confondre la malice du démon, pour provoquer les autres hommes à rivaliser avec ce saint personnage. Et qu’y a-t-il d’étonnant que Dieu ait traité Job ainsi, quand il tient la