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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/251

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même conduite avec les pécheurs ? Dieu savait parfaitement que les Ninivites ne méritaient pas de mourir, qu’ils se repentiraient, qu’ils deviendraient meilleurs ; cependant il les met à l’épreuve, et partout il nous fait voir les marques les plus évidentes du soin qu’il prend de nous, et de sa Providence ; la connaissance pure et simple ne lui suffit pas. C’est pourquoi, le Fils unique du Père disait aussi : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne croyez pas en moi ; si au contraire je les fais, quand même vous ne croiriez pas en moi, croyez en mes œuvres. » (Jn. 10,37-38)
Comme il y a beaucoup de gens d’un esprit épais, dépourvus de sentiment, qui répètent beaucoup de discours de ce genre : Dieu a choisi un tel, chéri un tel, détesté un tel, et voilà pourquoi celui-ci est mauvais et méprisable, le Psalmiste parle d’abord des œuvres pour redresser ces jugements faux, voilà dans quel dessein il présente d’abord à la pensée la vertu se manifestant par les œuvres. Dieu sait qu’un tel sera vertueux, avant que celui-ci ait montré sa vertu par ses actions, voilà ce que déclare le Prophète pour enseigner la prescience divine, mais aussitôt il se hâte de parler de cette vertu s’épanouissant, par les actions, dans la plénitude d’elle-même, afin que l’irréflexion ne s’avise pas de dire que c’est la prédiction qui a fait de tel homme ce qu’il est en réalité. Voyez donc la démonstration que fait Paul de cette vérité. « Avant qu’ils fussent nés, et avant qu’ils eussent fait aucun bien ni aucun mal, afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection, non à cause de leurs œuvres, mais à cause de l’appel et du choix de Dieu, il fut dit à Rébecca : Le plus grand sera assujetti au moins grand. » (Rom. 9,11-13) Et en effet, Dieu n’a pas besoin d’attendre que les actions aient eu leur accomplissement ; bien avant les actions, Dieu connaît celui qui sera méchant et celui qui ne le sera pas. « Vous avez remarqué le sentier par lequel je marche, et vous avez prévu toutes mes voies (4). » Plus haut, il emploie les expressions « être assis » et « être levé » pour signifier les actions qui constituent les habitudes de la vie ; et en effet, nous disons souvent : Un tel sait parfaitement comment il est assis, comment il est levé, pour marquer sa parfaite connaissance ; et ici encore, il appelle « voie » et « sentier » la vie tout entière. Et voilà pourquoi il ajoute : « Vous avez prévu toutes mes voies. » Maintenant cette expression, « vous avez remarqué », ne montre pas que Dieu cherche, qu’il examine, mais qu’il connaît parfaitement. Ce qui le prouve, c’est ce qui suit : « Vous avez prévu », c’est-à-dire vous connaissez, avant l’accomplissement, toutes les actions bonnes et mauvaises, « Qu’il n’y a pas de ruse dans ma langue ; » un autre : « De contradiction. » Voilà la plus grande marque de la vertu, voilà le couronnement de tous les biens ; voilà ce que le Christ demande, avant toutes choses, par ces paroles : « Si vous ne vous convertissez pas, si vous ne devenez pas semblables à ces petits, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux (Mt. 18,3) ; » la simplicité, l’innocence, l’absence de toute ruse, de toute feinte, voilà ce qu’il veut dire. Aussi s’est-il choisi pour apôtres des hommes sans habileté et sans finesse d’esprit, et il disait. « Je vous rends gloire, mon Père, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et de ce que vous les avez révélées aux petits. » (Mt. 11,25) Voyez maintenant le Psalmiste ! il ne dit pas : parce que j’ai accueilli et rejeté la ruse, mais parce que jamais ma langue n’a souffert de ce mal, jamais ce vice n’a trouvé accès auprès de moi. « Vous avez, Seigneur, une égale connaissance de toutes les choses, et futures et anciennes (5) » non seulement, dit-il, vous connaissez mes pensées, mes actions, les voies par lesquelles je marche, mais, de plus, toutes les choses passées et futures. « C’est vous qui m’avez formé, et vous avez mis votre main sur moi. » De la prescience il passe au pouvoir de créer, et du pouvoir de créer, il retourne à la prescience ; non seulement Dieu nous a faits quand nous n’étions pas encore, mais, de plus, après nous avoir faits, il nous tient sous son empire.
2. Double témoignage que Paul, à son tour, rend au Christ par ces paroles : « Dieu avant parlé autrefois à nos pères, en divers temps, et en diverses manières, par les prophètes, « nous a enfin parlé, en ces derniers jours, par son Fils, qu’il a fait hériter de toutes choses ; » il ajoute ensuite l’ouvrage même de la création : « Et par qui il a même créé les siècles. » (Héb. 1,1-2) Et, après avoir parlé de sa substance, en ces mots : « Et comme il est la splendeur de sa gloire, et le caractère de sa substance. » (Id. 3) Il ajoute encore