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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/252

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sa providence en disant : « Et qu’il soutient tout par la puissance de sa parole. » Dans son épître aux Colossiens, il revient sur cette pensée : « Car tout a été créé par lui, dans le ciel et sur la terre, soit les trônes, soit les dominations, soit les principautés, soit les puissances ; tout a été créé par lui, et pour lui. « Il est lui-même avant tout. » (Col. 1,16-17) Voilà pour marquer sa puissance créatrice ; ensuite, exprimant sa providence, l’Apôtre ajoute : « Et toutes choses subsistent en lui. » Ce double témoignage, Jean, à son tour, le rend par ces paroles : « Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui. » (Jn. 1,3) Voilà pour la création ; ensuite, pour la providence : « En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. » (Id. 4) C’est ce que le Prophète nous montre également ici : « C’est vous qui m’avez formé », voilà le créateur ; de plus, il exprime la providence : « Et vous avez mis votre main sur moi. » Qu’est-ce à dire, « vous avez mis ? » Vous me régissez, vous me formez, vous me portez. C’est encore ce que dit Paul : « C’est en lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être. » Ce n’est pas seulement notre naissance, mais la persistance de notre être qui suppose nécessairement son pouvoir. (Act. 17,28) « Merveilleuse est votre science au-dessus de moi ; elle est pleine de force, et je ne pourrai y atteindre (6). » Une autre version : « Elle me surpasse », au lieu de, « elle est pleine de force » ; une autre dit : « Elle est tout à fait élevée. » Quant à ces expressions, elles reviennent à ceci : je jouis de votre providence, et, quoique je sache bien que vous avez toute prescience, que je n’étais pas et que vous m’avez fait, impossible pourtant à moi d’avoir, de vous, cane connaissance parfaite, manifeste : « Mais merveilleuse est votre science », c’est-à-dire elle me surpasse, elle s’élève au-dessus de moi, elle est trop forte pour que ma raison la puisse comprendre, tant cette connaissance est merveilleuse, tant elle est grande. Mais quoi ! si, toute merveilleuse et grande qu’elle est, on peut la comprendre ? nullement. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Je ne pourrai y atteindre ; » c’est pour que vous n’ayez pas cette prétention. Et maintenant, quand il dit : N’avoir pas cette connaissance, il ne dit pas : j’ignore Dieu, mais : Je n’ai pas, de lui, une connaissance parfaite, absolue, et claire ; c’est précisément ce que dit Paul : Car nous savons bien assurément qu’il existe, mais quelle est sa substance ? c’est ce que nous ne savons pas. Il faut croire, pour s’approcher de Dieu, premièrement, qu’il y a un Dieu. (Héb. 11,6) Il ne dit pas, qu’il faille connaître sa substance, que nul ne connaît ; nous savons qu’il est bon, qu’il est clément, plein d’affection et de douceur ; jusqu’où s’étend sa grandeur ? nous l’ignorons. Ici le Psalmiste, négligeant tout cela, nous propose un moyen qui semble plus facile, et cependant il avoue, encore ici, son ignorance, non seulement, déclare-t-il, je ne dis pas quelle est sa substance, quelle est la grandeur de sa bonté ; j’avoue que ces choses sont incompréhensibles ; mais, de plus, comment est-il présent partout ? je ne puis le dire. Voilà qui surpasse encore notre intelligence.
Aussi, après avoir dit : « Merveilleuse est votre science au-dessus de moi », il ajoute « Où irai-je pour me dérober à votre Esprit, et où m’enfuirai-je de devant votre face Si je monte dans le ciel, vous y êtes ; si je descends dans l’enfer, vous êtes présent (8) ; si je prends des ailes, dès le matin et que j’aille habiter aux extrémités de la mer (9) ; » une autre version : « Me fixer. » Eh bien ! là. Un autre texte : « là encore, c’est votre main qui me conduira ; ce qui me soutiendra, c’est votre droite. » « Esprit, face », ces mots, ici, marquent Dieu lui-même ; c’est-à-dire : où irai-je, pour m’éloigner de vous ? Vous remplissez tout ; vous êtes présent partout ; non point partiellement, mais, vous êtes présent partout, tout entier. Et maintenant, le Psalmiste ne dit pas : Partout où j’irai, vous me suivrez, et vous me retiendrez ; mais partout où j’irai, vous êtes là ; c’est-à-dire, je vous trouve là, me prévenant. De là, ces paroles : « Merveilleuse est votre science au-dessus de moi. » Si vous ne la connaissez pas parfaitement, me direz-vous, comment savez-vous qu’elle est merveilleuse ? C’est parce qu’elle surpasse ma raison, c’est parce qu’elle est au-dessus de ma pensée. Il en est comme des rayons du soleil, nous ne pouvons pas parfaitement les connaître, et c’est précisément pour cette raison qu’ils nous paraissent admirables. De même, pour la connaissance de Dieu ; nous ne sommes pas absolument sans le connaître, puisque nous savons qu’il est, et qu’il est bon, clément, affable, miséricordieux ; qu’il est partout. Mais maintenant, quelle est