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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/348

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faiblesses ; Dieu ne lui accorde pas sa prière ; et, non-seulement Paul ne s’afflige pas, mais il se glorifie de ses faiblesses. Faisons de même, nous aussi, disposons nos âmes de cette manière, et, que Dieu nous accorde ou ne nous accorde pas nos demandes, sachons dans les deux cas, le bénir, car, dans les deux cas, il agit selon nos intérêts. S’il a le pouvoir de donner, il s’ensuit qu’il a le pouvoir, et de donner, et de donner ce qu’il veut, et de ne pas donner. Vous ne connaissez pas vos intérêts aussi clairement que Dieu les tonnait ; souvent vous demandez des choses nuisibles et funestes ; mais Dieu, plus jaloux que vous-mêmes de votre salut, ne regarde pas votre prière ; avant votre prière, il regarde partout ce qui vous est utile. Si les pères selon la chair, n’accordent pas à leurs enfants tout ce qu’ils leur demandent, ce qui ne prouve pas qu’ils dédaignent leurs enfants, mais, au contraire, qu’ils ont pour eux la plus grande sollicitude, à bien plus forte raison, Dieu, qui nous aime davantage, qui connaît, mieux que personne, ce qui nous est utile, suit toujours la même conduite. Donc ne cessons pas de nous livrer à la prière, non-seulement pendant le jour, mais pendant la nuit. Écoutez ce que dit le Prophète : « Je me levais au milieu de « la nuit, pour vous louer des jugements de « votre justice. » (Psa. 118,62) Un roi, assiégé de tant de soucis, qui avait entre les mains le gouvernement de tant de peuples, de villes et de nations ; qui avait à prendre soin de la paix, à terminer des guerres ; qui voyait toujours auprès de lui un tourbillon inexprimable d’affaires ; qui n’avait pas le temps de respirer, non-seulement consacrait les jours, mais jusqu’aux nuits à la prière. Si un roi, fait pour mener une vie de délices, ayant tant de soucis, enveloppé dans tant d’affaires, ne trouvait pas de repos, même pendant la nuit, mais se livrait sans cesse à la prière, avec un soin plus scrupuleux que les moines des montagnes, quelle sera, répondez-moi, notre excuse, à nous, qui avons une liberté complète : qui nous sommes fait une vie indépendante, vide d’affaires, et qui non-seulement nous ensevelissons les nuits entières dans le sommeil, mais ne trouvons pas, même pendant le jour, des moments où notre âme s’éveille, pour la prière que nous devons au Seigneur ? C’est une grande arme due la prière, c’est une belle parure que la prière, et une sûreté, et un port, et un trésor de biens, et une richesse que rien ne peut ravir. Quand nous avons besoin des hommes, nous avons besoin de faire des dépenses, et d’employer des flatteries serviles ; et d’aller, et de venir, et de prendre beaucoup de peines et de soins ; car souvent nous ne pouvons pas nous adresser directement à ceux de qui dépend ce que nous demandons. Il faut d’abord aller trouver les ministres, les dispensateurs des grâces, et ceux qui sont chargés de répondre pour les hommes puissants ; et il faut, avec de l’argent, avec des paroles, par tous les moyens possibles, les adoucir, afin d’obtenir, par leur entremise, ce que nous demandons. Au contraire, avec Dieu, il n’en est pas de même ; en le priant par les autres, nous obtenons moins vite ses faveurs qu’en les lui demandant nous-mêmes. Et, avec Dieu, celui qui reçoit, et celui qui ne reçoit pas, profitent ; avec les hommes, au contraire, dans les deux cas, souvent, nous avons à nous plaindre. Eh bien ! donc, puisqu’il y a plus d’avantage, et plus de facilité, à s’approcher de Dieu, ne méprisons pas la prière. Voulez-vous trouver Dieu plus propice ? voulez-vous obtenir plus facilement ce que vous désirez ? invoquez-le vous-mêmes, avec la pureté des intentions, avec la sagesse de l’âme ; ne le priez pas, par acquit de conscience, ce que font beaucoup de personnes, dont la langue prononce les paroles de la prière ; dont la pensée, en même temps, reste souvent dans leur maison, ou se promène sur la place publique, à travers les rues, ce qui est un artifice du démon ; car, comme il sait qu’au moment de la prière, nous pouvons obtenir le pardon de nos péchés, jaloux de nous fermer ce port, il s’élève alors contre nous ; il chasse notre pensée loin des paroles que nous prononçons, afin qu’au sortir de l’église, nous en retirions plus de perte que de profit.
Pénètre-toi, ô homme, de ces vérités, et, quand tu t’approches de Dieu, songe auprès de qui tu t’approches ; et il suffit, pour tenir ton esprit éveillé, de croire en Celui qui te donne ce que tu demandes ; lève les yeux au ciel, et pense à qui ton discours s’adresse. Quand on parle à un homme, tant soit peu élevé aux honneurs de ce monde, le plus négligent s’excite de toutes manières, et se tient l’esprit en éveil ; à bien pics forte raison, ferons-nous de même si nous pensons que nous nous adressons au Seigneur des anges ; voilà qui suffira pour