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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/399

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de la patience céleste aucun profit, comment enfin leurs débris refleuriront. Lorsqu’il dit en effet « jusqu’à ce que leurs villes soient désertes et privées d’habitants », il annonce la ruine des dix tribus. En effet tous, tous, je le répète, avaient disparu, et violemment enlevés, tous avaient été emmenés dans un pays étranger, de sorte que toutes les villes étaient désertes et que personne n’était plus là pour faire produire à la terre les fruits nécessaires à ceux qui étaient restés. En disant donc « jusqu’à ce que les villes soient désertes et privées d’habitants, jusqu’à ce que les maisons n’aient plus personne qui les habite », il annonce la captivité. Et lorsqu’il dit : « Ensuite Dieu bannira tes hommes loin de leur pays », il annonce ou un bonheur complet pour tous, ou la prospérité des deux tribus après le départ des dix autres. Et en effet, après avoir été délivrés de Sennachérib et de l’armée des barbares, après avoir obtenu cette victoire inespérée, ils virent leur nombre s’accroître prodigieusement, et leur vie se prolonger, parce qu’aucune guerre ne les troublait plus. Puis en disant « il s’éloigna », il veut parler des hommes ou des armées. Et pour vous faire voir qu’il parle des deux tribus, il ajoute, « il en demeurera un dixième », appelant dixième ce qui dépasse dix, ce qui est au-dessus de dix, c’est-à-dire les deux tribus. C’est ainsi que Paul dit « plus de cinq cents frères (1Cor. XV, 10) », c’est-à-dire un nombre plus grand que cinq cents. « Et cette partie même sera frappée, et a elle deviendra comme le térébinthe », c’est-à-dire les deux tribus. « Ou comme le gland sorti de son enveloppe. » De même que ce fruit, une fois sorti de son enveloppe, est désagréable à voir, de même ils seront un objet de raillerie et de moquerie, lorsqu’ils seront bannis de leur ville et privés de leur gloire. « Et la race qui en naîtra sera sainte. » Ces maux, veut-il dire, ne seront ni sans guérison ni sans terme ; leur race sera sainte et elle demeurera, c’est-à-dire elle sera ferme, fixe, immobile, et elle pourra attendre que la face des événements change. Il est vrai qu’ils perdront leur prospérité ; mais ils n’auront pas à subir les maux extrêmes ; ils demeureront et resteront jusqu’à ce qu’ils reviennent à leur première manière de vivre et à leur première sainteté.
Voir aussi les homélie sur Osias, dans le deuxième livre des Chroniques.


CHAPITRE SEPTIÈME.


1. « ET IL ARRIVA PENDANT LES JOURS D’ACHAZ, FILS DE JOATHAN, FILS D’OZIAS, ROI DE JUDA. »

ANALYSE.

  • 1. Dieu se sert des prophéties déjà accomplies pour faire croire à celles qui ne recevront que dans un temps éloigné leur accomplissement. Quelquefois, comme dans le Nouveau Testament, il unit un miracle et une prophétie, afin que ceux qui voient le miracle ajoutent foi à la prophétie, et que ceux qui seront témoins de la réalisation de la prophétie croient aussi au miracle opéré en union avec la prophétie.
  • 2 et 3. Prédiction de la ruine d’Ephraim et de la Syrie.
  • 4-7. Promesse de l’Emmanuel : C’est pourquoi le Seigneur vous donnera lui-même un signe. Voici que la Vierge concevra dans son sein et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, etc. Commentaire très-intéressant de cet important passage.
  • 8-9. Prédiction de l’invasion des Assyriens.


1. Je répéterai ici ce que j’ai déjà dit bien des fois, que le but des prophéties n’était pas seulement d’apprendre aux Juifs l’avenir, mais de faire en sorte que cette connaissance leur fût avantageuse, que la crainte causée par les menaces les rendît plus sages, que l’espoir des récompenses les rendît plus zélés pour la vertu et qu’ils connussent par là quelle est la puissance et quelle était la providence de Dieu sur eux. Telle est la raison de l’espèce de prologue qui ouvre cette prophétie ; c’était pour empêcher de croire que ces événements arrivaient