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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/400

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au hasard et sans règle, d’après le cours de la nature ou un certain ordre des choses, et apprendre aux Israélites qu’ils étaient dirigés d’en-haut et par la volonté de Dieu, ce qui devait singulièrement les aider à connaître Dieu. Mais comme, ce que du reste j’ai déjà dit plus haut, la prophétie n’avait pas sa preuve au moment même et que les paroles précédaient de beaucoup les événements, de sorte que, quand ils arrivaient, quelques-uns étaient déjà morts et ne pouvaient pas juger de la vérité de ce qu’ifs avaient entendu, voyez ce que Dieu fait et quel moyen il prend. Il joint prophétie à prophétie, les plus rapprochées aux plus éloignées, montrant ainsi par celles dont la génération actuelle verra la réalisation, la foi qu’il faut accorder à celles qui n’arriveront que beaucoup plus tard. Dans l’Évangile, c’est par un autre moyen qu’il arrive au même but ; là il lie les miracles aux prophéties et confirme les unes par les autres. Voici ce que je veux dire : un lépreux s’approche de Jésus et il est purifié ; puis le serviteur du centurion est délivré de sa maladie ; c’étaient là de grands miracles ; mais sans s’arrêter aux miracles, il y joint une prophétie. Car lorsque le centurion eut montré cette foi si vive, si admirable, par laquelle il mérita que son serviteur fût guéri, le Christ ajouta : « Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et auront place dans le royaume des cieux avec Abraham, Isaac et tandis que les enfants du royaume en seront bannis. » (Mt. 8,11) Par ces paroles, Jésus prophétise la vocation des Gentils et la réprobation des Juifs, événements qui maintenant sont des réalités et sont aux yeux de tous plus clairs que le soleil ; mais alors ils étaient obscurs et les incrédules refusaient de les admettre ; aussi le Christ, par le miracle qu’il fit alors, amena ses auditeurs à croire fermement ce qu’il annonçait pour un temps plus éloigné, de même qu’en voyant aujourd’hui l’accomplissement de la prophétie, nous en croyons plus fermement le miracle qui eut lieu alors. Que pourrait répondre l’incrédule ? Que le lépreux n’a pas été purifié ? Qu’il voie la vérité de la prophétie et que celle-ci le fasse croire au miracle. Qu’auraient pu répondre les Juifs contemporains ? Que ce qu’il annonçait n’était pas vrai ? Mais ils n’avaient qu’à voir le lépreux purifié, et apprendre, d’après ce qui s’était opéré sur lui, à ne pas refuser de croire ce qu’ils ne voyaient pas ; pour les assurer de la prophétie ils avaient le miracle, comme ceux d’aujourd’hui ont la prophétie pour les assurer du miracle. Voyez-vous comme une chose confirme l’autre ?
La même conduite se voit dans l’Ancien Testament. Quand Jéroboam se laissa aller à ces excès de folie et qu’il eut élevé ces veaux d’or, un prophète vint pour lui annoncer l’avenir et en arrivant il fit un miracle, pour que personne ne refusât de croire à des choses qui ne devaient arriver qu’au bout de trois cents ans ; il brisa l’autel, jeta la graisse des sacrifices et paralysa la main du roi, donnant ainsi, par les prodiges de ce moment, une preuve évidente de la réalité des choses qui devaient arriver longtemps après. Telle a été souvent la conduite (le Dieu dans l’Ancien et le Nouveau Testament, de Dieu qui, par ces moyens divers, pourvoyait à notre salut. C’est ce qui arrive ici et même d’une manière plus extraordinaire ; au lieu d’un miracle seulement, il fit et une prophétie et un miracle. Mais pour mieux interpréter ce récit, parcourons-le avec attention. « Il arriva au temps d’Achaz, fils de Joathan, fils d’Ozias, roi de Juda ; il arriva, dis-je, que Basin, roi de Syrie, et Phacée, fils de Romélie, roi d’Israël, se portèrent sur Jérusalem pour l’attaquer et ils ne purent la prendre, et l’on vint dire à la maison de David qu’Aram s’était ligué avec Ephraïm (1, 2). » C’est un récit que ces paroles, une exposition de faits ; mais pour celui qui a de l’intelligence, de la pénétration, il y a là beaucoup à recueillir ; il verra la sagesse de Dieu et sa providence sur les Juifs. Il ne réprima pas cette guerre dès son origine, et il ne permit pas aux ennemis de s’emparer de la ville ; mais, tout en faisant des menaces, il en empêcha l’effet, car il voulait seulement réveiller les Juifs, les faire sortir de leur torpeur et montrer sa puissance, puisque, même quand le danger est devenu imminent, il peut en délivrer aussi facilement que si ce même danger était encore à naître, chose que vous pouvez remarquer en bien des circonstances, par exemple, dans la fournaise de Babylone, dans la fosse aux lions et en raille autres occasions. Ces rois vinrent, ils assiégèrent la ville, mais tous leurs efforts n’aboutirent qu’à attaquer des murailles et à effrayer les assiégés.
2. Et ceci nous fait voir que le crime des dix tribus ne fut pas seulement d’avoir allumé une guerre civile et d’avoir pris les armes