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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/410

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infliger des châtiments. Puis, lorsque ceux qui ont cru les faux prophètes, et qui, ne faisant aucun cas de la vertu, ont persévéré dans leurs fautes, se sont attirés de graves châtiments, et qu’enfin la vérité est mise en évidence tandis que le mensonge est confondu, le démon emploie d’autres pièges encore pour achever la ruine de ceux qui se laissent prendre. Il leur persuade à eux qui se laissent facilement tromper, qu’il faut attribuer ces événements fâcheux à la colère des démons rejetés et méprisés. C’est pour empêcher cette ruse que Dieu fait annoncer longtemps à l’avance aux hommes les maux qui leur arriveront ou plutôt qui les saisiront, pour qu’il ne soit pas possible à ceux qui trompaient les hommes, d’attribuer les événements à la colère des démons. Ce n’est pas par conjecture que je le dis : car entendez les paroles d’Isaïe : « Je sais que tu es dur, que ton cou est comme une barre de fer, que tu as un front d’airain. C’est pourquoi je t’ai parlé dès le commencement afin que tu ne dises pas : Ce sont mes idoles qui ont fait ces choses, ce sont mes images taillées et jetées en fonte qui me l’ont donné. Tu ne les as ni connues ni entendues. » (Is. 48,4, 5, 8)
Comme donc, selon ce que j’ai dit plus haut et ce qu’atteste ce passage, les Juifs opposaient les prophéties les unes aux autres, la vraie prophétie se hâte de remédier à cette erreur, en annonçant les événements longtemps à l’avance. Comme il était à présumer que les ingrats auraient dit : Vous ne l’avez pas prédit, nous ne l’avons pas entendu, vous forgez ces prophéties après l’événement : car vous ne connaissez pas l’avenir ; comment saurons-nous que vous avez parlé d’avance ? à ce langage, Dieu oppose une réponse péremptoire et ferme ces bouches impudentes. Il n’ordonne pas seulement à ses prophètes de parler, mais il ordonne d’écrire les prophéties sur le papier et non seulement d’écrire, mais encore pour qu’on ne puisse pas dire que cela a été fait après coup, il ordonne de prendre pour témoins des hommes que leur dignité et leur conduite rendaient dignes de foi. « Prends-moi pour témoins, dit-il, des hommes fidèles, Urie le prêtre et Zacharie », afin que, quand les événements se réaliseront et que les méchants diront : Ces choses n’ont pas été prédites par avance, le livre soit produit et que les hommes qui ont été témoins de sa composition ferment ces bouches impudentes. C’est pourquoi Dieu dit : « Prends-moi un livre de papier neuf », afin qu’il ne périsse pas ait bout de quelque temps, mais qu’il reste longtemps et que ses caractères même accusent les détracteurs. « Et écris-y avec un style d’homme, avec une plume, ce qui doit arriver. Et que doit-il arriver ? Il y aura guerre, victoire remportée par les barbares, partage des dépouilles, enlèvement du butin. Écris, dit-il, toutes ces choses, qu’il faut se hâter de prendre le butin : car voici le temps. » Qu’est-ce à dire, « Voici le temps ? » Cette parole nous fait entendre deux choses, que déjà la grandeur des fautes demandait châtiment, et que la punition est imminente. La patience de Dieu le fait temporiser : car il désire qu’ils se corrigent et rendent la punition inutile, et d’un autre côté il lui est facile par sa seule volonté de faire que tout s’exécute. En effet, lorsqu’il s’agissait des barbares qui devaient faire invasion, il dit : Ne pensez pas que la longueur de la route et la multitude de l’armée soient des causes de retard, comme il arrive souvent dans ce que font les hommes.
2. Mais pour Dieu, même ce qui est éloigné est présent, tant il lui est facile en un instant, en une seconde, d’amener et de faire arriver des extrémités de la terre même des multitudes innombrables. « Prends-moi pour témoins des hommes fidèles, Urie le prêtre et Zacharie, fils de Barachie. » Témoins de quoi ? De l’époque, afin que si l’on vient à récuser ces livres, les hommes qui auront assisté à leur composition et en connaissent par conséquent bien l’époque, puissent, lorsqu’il s’élèvera des contradicteurs impudents, leur fermer la bouche. Ce qui suit a le même but et contient une preuve plus manifeste encore. Comment et de quelle manière ? « Il s’est approché, dit-il, de « la prophétesse. » Il appelle ainsi sa propre femme, peut-être parce qu’elle participait à l’esprit prophétique : car ce n’est pas seulement aux hommes que les grâces sont communiquées, mais aussi aux femmes. Ce n’est pas comme dans les choses temporelles où les sexes sont distingués, où les uns ont à remplir les devoirs des hommes, lés autres ceux des femmes, sans pouvoir changer de rôle ; i1 n’en est pas ainsi dans les choses spirituelles ; mais tout est commun, couronnes et combats. Vous verrez cela dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament et pour toutes les positions tic la vie. S’étant approché d’elle selon la loi du mariage,