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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/426

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temps pour se taire, et un temps pour parler. » (Qo. 3,7) Que le temps du silence arrive donc pour nous, afin que ce soit pour notre maître le temps de parler. Notre langage, à nous, ressemble à un vin récemment tiré de dessous le pressoir ; le sien fait penser à un vieux vin conservé depuis des années, où ceux qui ont besoin d’aide et de vigueur puisent l’une et l’autre en abondance. Ici se réalise aujourd’hui cette parole de l’Évangile après le vin de dualité inférieure le meilleur est servi (Jn. 2,10) Et comme ce vin-là n’était pas enfant de la vigne, mais bien de la vertu du Christ, ainsi la parole de celui qui va me remplacer ne découle pas d’une pensée humaine, mais de la grâce de l’Esprit. Accueillons-la donc avec empressement, cette liqueur abondante et spirituelle, gardons-la précieusement afin qu’arrosés constamment de ses ondes, nous rendions un fruit mûr au Dieu qui nous en gratifie, à ce Dieu à qui revient toute gloire et tout honneur, en même temps qu’à son Fils unique et au très-saint Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

TROISIÈME HOMÉLIE.


SUR LE DEUXIÈME LIVRE DES PARALIPOMÉNES[1], OU SE TROUVENT CES MOTS : « LE CŒUR D’OZIAS FUT ENFLÉ » ; SUR L’INUTILITÉ ; SUR CE SUJET QUE L’HOMME VERTUEUX DOIT ÉVITER L’ARROGANCE, ET QUEL MAL C’EST QUE LA PRÉSOMPTION.

ANALYSE.

  • 1. Résumé de l’histoire d’Ozias. – De la présomption engendrée par les bonnes œuvres.
  • 2. Que le démon s’attaque de préférence aux justes.
  • 3. Divers degrés de péchés : exemple du vol et de l’adultère. – Énormité du péché d’orgueil.
  • 4. Suite du même sujet. – Que l’Écriture est dans l’usage de faire connaître, à propos de chaque péché, quel en a été le principe. – L’orgueil, principe du péché d’Ozias.
  • 5. Des mauvaises pensées. – Récapitulation.


1. Bénissons Dieu ; notre génération aussi a vu croître des martyrs, nous avons été jugés dignes, nous aussi, de voir des hommes égorgés pour le Christ, des hommes verser un sang sacré, un sang qui arrose toute l’Église, sujet d’effroi pour les démons, d’amour pour les anges ; pour nous, principe de salut. Nous avons été jugés dignes de voir des hommes combattre, vaincre, triompher pour la religion. Que dis-je, de les voir ? les corps mêmes de ces athlètes sont devenus notre partage ; ces triomphateurs sont aujourd’hui parmi nous. Mais nous laisserons, pour cette fois, le soin de parler des martyrs à leur émule, à notre commun instituteur[2]. Quant à nous, nous vous dirons l’histoire d’Ozias, acquittant ainsi une vieille dette, et soulageant une attente déjà ancienne de nos auditeurs. Car chacun de vous brûle, je le sais, d’entendre cette histoire, et si nous avons prolongé cette anxiété, ce n’est pas en vue de la rendre plus pénible, c’est dans l’intention d’augmenter votre faim, afin que vous trouviez plus de charme au banquet,

  1. La plupart des manuscrits indiquent à tort le premier livre.
  2. L’évêque Flavien. (Voir l’avertissement placé en tête des six discours)