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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 6, 1865.djvu/536

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tour qui monterait jusqu’au ciel ; mais Dieu connut leurs pensées, il confondit leur langage, et au. lieu d’une seule langue, il y en eut plusieurs. Il devint nécessaire, dès qu’ils ne s’entendirent plus les uns les autres, de ne plus habiter ensemble, et ce fut pour cette cause qu’ils se dispersèrent par toute la terre. On assure que, dans cette confusion des id tomes, Réber, (ancêtre des Juifs, qui n’avait point voulu prendre part à l’entreprise coupable des autres, fut le seul qui conserva sa propre langue, à litre de récompense de ses bonnes dispositions. L’un de ses descendants fut Abraham, qui donna le jour à Isaac, et de celui-ci naquit Jacob, qui lui-même engendra les douze patriarches : Ruben, Siméon, Lévi, Juda, Issachar, Zabulon, Nephtali, Gad, Dan. Aser, Joseph et Benjamin. Onze de ces patriarches donnèrent leur nom à art nombre pareil de tribus, car chacun engendra une tribu, et leurs descendants prenaient le nom de chacun d’eux. Cependant, Joseph ne fut point le père d’une seule, mais de deux tribus, car Jacob ne voulut point que Joseph donnât son nom à une tribu seulement. Qu’arriva-t-il donc ? Ce fut que Joseph devint doublement patriarche, parce que les noms de ses deux fils, Ephraïm et Manassé, furent ceux de deux tribus qui reconnaissaient Joseph pour ancêtre. D’où il résulte qu’au lieu de onze tribus, il y en eut treize, onze issues des autres fils de Jacob, et deux des fils de Joseph. La tribu de Lévi fut mise à part et chargée du sacerdoce ; il ne fut pas nécessaire de lui rien assigner en partage, et le nombre de douze ne fut pas changé. Les douze tribus vaquaient à toutes les affaires ; la seule tribu de Lévi s’occupait des seules choses saintes dont elle avait la charge. Moïse appartenait à cette dernière tribu. Les douze patriarches étant donc allés en Égypte, la promesse faite à Abraham : « Je multiplierai tes descendants comme les étoiles du ciel, ». s’accomplit et ils furent les pères des six cent mille hommes qui formèrent le peuple des Juifs, ainsi nommés à cause de la tribu royale de Juda qui fournit les souverains de la nation.

Ainsi, l’Ancien Testament renferme une partie historique, celle dont nous avons déjà parlé, et une partie contenant des préceptes les Proverbes, la Sagesse de Sirach, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, de même qu’une partie prophétique, je veux dire les livres des seize prophètes, de Ruth et de David. Cette division des matières contenues dans les saintes Écritures n’empêche pas que l’une ne soit mêlée à l’autre : dans les livres historiques, on rencontrera la prophétie, par exemple, et les prophètes écrivant souvent des récits qui appartiennent à l’histoire ; et d’autre part, dans la prophétie et dans l’histoire, nous voyons aussi des préceptes et des exhortations. Toutes ces choses, comme je l’ai dit, ont un but unique, le redressement et l’amélioration de ceux qui entendent les Écritures, de telle sorte que tantôt la narration, tantôt les préceptes et les conseils, tantôt les prophéties, nous enseignent ce que nous devons faire. Le propre de la prophétie est d’annoncer les événements à venir, soit heureux, soit funestes, afin de ramener les uns dans la bonne voie, et d’écarter les autres par la crainte du sentier de l’iniquité. Il y a aussi une autre classe de prophéties, savoir celles qui ont pour objet le Christ, et qui décrivent minutieusement son avènement dans le monde, ce qu’il devait faire à partir de sa venue, la conception, la naissance, l’élévation en croix, les miracles, le choix des disciples, le Testament Nouveau, la fin de la nationalité juive, la ruine du paganisme, le triomphe de l’Église, et toute la série des événements qui devaient s’accomplir. Tout avait été prédit avec clarté par les prophètes, longtemps d’avance, soit d’une manière figurative, soit par des paroles expresses.

Car, il y a deux sortes de prophéties, l’une qui annonce l’avenir par des paroles, l’autre par des actions. Le Prophète emploie les paroles., lorsque, voulant signifier le supplice de la croix, il dit : « Il a été conduit comme la brebis qui va être immolée ; il ressemble à l’agneau qui demeure sans voix devant celui qui le tond. » (Isa. 3, 7) Telle est la prophétie par le moyen du langage. Mais nous voyons la prophétie par action lorsqu’Abraham nous est montré offrant son fils, et immolant le bélier. Ce sont alors ces événements qui nous font voir par avance l’image de la croix et de l’immolation pour le salut du monde. L’Ancien Testament renferme un grand nombre de ces types et de ces prophéties par actions.

La prophétie n’a pas seulement pour objet d’annoncer l’avenir, mais aussi de faire connaître le passé, et c’est ce qui est vrai surtout dans les récits de Moïse. Quand il parle du ciel et de la terre, il raconte des choses passées et