Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/131

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et de l’Empire, à moins que les Dieux immortels, apaisés par toutes sortes de moyens, ne voulussent en quelque manière changer[1] l’ordre du Destin.

20. Sur leurs réponses, on célébra durant dix jours des jeux solennels, et l’on n’oublia rien de tout ce qui parut propre à calmer la colère des Dieux. Ils ajoutèrent qu’il falloit ériger une plus grande statue à Jupiter, l’exhausser, et au lieu qu’on avoit mis l’autre du côté de l’Occident, tourner celle-ci vers l’Orient. Que si cette statue, qui est celle que vous voyez, regardoit le soleil levant, la place publique, le palais, ils espéroient que les desseins formés contre l’État seroient découverts, et viendroient à la connoissance du Sénat et du peuple Romain. Dès-lors cet ouvrage fut ordonné par les Consuls : mais on y a travaillé si lentement, et sous les derniers Consuls, et de mon temps, que la statue n’est posée quot d’aujourd’hui.

IX. Qui seroit donc assez ennemi de la vérité, assez téméraire, assez insensé, pour dire, que tout ce que nous voyons, mais particulièrement cette ville, n’est pas gouverné par la sagesse et par la puissance des Dieux ? Car enfin, quand ces Aruspices nous préisoient des massacres, des incendies, la ruine de l’État causée par d’exécra-

  1. Presque tous les anciens regardoient ce qu’ils appeloient le Destin, comme inflexible, et l’effet de ses prétendus arrangemens, comme inévitable. Ils lui soumettoient même leurs Dieux. Mais ne croyons pas que Cicéron ait donné dans une, opinion qui détruiroit entièrement la liberté de l’homme, et d’où il s’ensuivroit, que l’homme soit qu’il fît le bien, soit qu’il fît le mal, ne seroit que l’instrument aveugle, dont une puissance absolue se serviroit, ou plutôt se joueroit à son gré. Il nous est resté de Cicéron une partie de son ouvrage de Fato, par où l’on peut voir qu’il embrassoit le sentiment des Académiciens, ennemis jurés des Stoïciens, qui mettoient cette pernicieuse erreur du Fatum, à la tête de leurs dogmes favoris.