Page:Cicéron, Démosthène - Catilinaires, Philippiques, traduction Olivet, 1812.djvu/53

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sans cesse au nom de Catilina, et de vous trouver à la tête de toutes les entreprises qui, se font contre moi, ma patience est outrée. Retirez-vous donc, afin que si mes craintes sont bien fondées, votre départ fasse ma sûreté ; et que si elles sont vaines, j’en sois délivrée une bonne fois. »

VIII. Ainsi, dis-je, vous parleroit la Patrie : et ne devriez-vous pas vous rendre à ses volontés ; fût-elle hors d’état de vous y contraindre ? Mais vous-même, pour vous purger de tout soupçon, n’avez-vous pas cherché à vous mettre chez quelque personne, qui pût répondre de vos démarches ? Rebuté par Lépidus, que vous aviez d’abord prié de vous recevoir, vous eûtes le front de venir me demander à moi-même, si je voudrois bien vous garder chez moi ? Je vous répondis que n’étant pas trop en sûreté avec vous dans une même ville, je me garderois bien de vous avoir sous un même toit. Vous eûtes recours au Prêteur Métellus, qui vous refusa pareillement. De là vous allâtes enfin à votre ami Marcellus ce grand homme[1] de bien : et vous comptiez sans doute, qu’il ne manqueroit ni de vigilance pour vous garder, ni d’adresse pour découvrir vos desseins, ni de courage pour s’y opposer. Hé quoi ! un homme qui sent qu’il a besoin d’être gardé, est-il bien éloigné de mériter la prison et les fers ?

20 Puisque vous ne sauriez plus couler ici vos jours tranquillement, hésitez-vous à vous enfuir dans quelque coin du monde, où la solitude : vous dérobe aux supplices, dont vous êtes

  1. Quintilien, liv. IX, chap. 2, parlant de l’ironie, rapporte cet exemple.