Page:Cicéron - Œuvres complètes, Nisard, 1864, tome I.djvu/583

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cours - LYSIAS, ISOCRATE, l’un et l’autre d’Athènes. Il en est question plus haut. - ISÉE, de Chalcis ou d’Athènes, disciple de Lysias et d’Isocrate, et l’un des maîtres de Démosthène. Les onze discours d'Isée qui nous restent sont tous relatifs à des successions. - ESCHINE, d’Athènes, rival de Démosthène. Il nous reste de lui trois discours, dont le plus célèbre est celui qu’il prononça contre Ctésiphon. - LYCURGUE, d’Athènes, disciple de Platon et d’Isocrate. Il mourut 325 ans avant J. C. (de Rome 429). Nous n’avons de lui que le seul discours contre Léocrate.- DÉMOSTHÈNE, de Péanium en Attique, le prince des orateurs. - HYPERIDE, d’Athènes, ami de Démosthène. Stobée (Serm. 123) nous a conservé un fragment de l’oraison funèbre qu’il prononça en l’honneur des guerriers morts dans la guerre contre Antipater. On en trouve la traduction dans l’Histoire de l’Éloquence grecque de Belin de Balu. Hypéride fut tué par ordre d’Antipater ; mais auparavant il se coupa la langue, pour se mettre dans l’impossibilité de répondre à aucune des questions du tyran. -DINARQUE, de Corinthe, vécut à Athènes, et y jouit, comme orateur, d’une grande considération, toutefois lorsque Démosthène et Hypéride n’existaient plus. Nous avons de lui trois discours.

IX. Phalereus enim. Démétrius de Phalère, nommé par Cassandre gouverneur d’Athènes, y mérita pendant dix ans l’amour des Athéniens qui, dit-on, lui érigèrent trois cent soixante statues. Chassé d’Athènes par Antigone et Démétrios Poliorcète, il se retira en Égypte, et l’on croit que ce fut lui qui donna au premier des Ptolémées le conseil de former la bibliothèque et le musée d’Alexandrie. Il ne nous reste aucune de ses productions. On conçoit que Démétrius de Phalère ne pouvait être éloquent à la manière de Périclès ou de Démosthène. Le lieutenant d’un roi, exerçant, dans une ville soumise, un pouvoir presque absolu, n’avait point à soutenir ces luttes terribles où Démosthène empruntait de nouvelles forces de la résistance même, et déployait toutes les ressources de son génie. L’éloquence vit de combats, et Démétrius ne trouvait que de l’obéissance. Il mourut l’an de Rome 470, avant J. C. 284. Théophraste, disciple de Platon et d’Aristote, était mort quatre ans plus tôt.

XII. Sublatis in Sicilia tyrannis. La liberté fut rétablie à Syracuse l’an de Rome 288, avant J. C. 466, par l’expulsion de Thrasybule, frère et successeur de Gélon et de Hiéron, qui avaient régné l’un après l’autre. C’est donc par erreur que M. Schoell fait remonter l’enseignement de Corax à l’an 500 avant notre ère. Il fut disciple d’Empédocle d’Agrigente, et maître de Tisias. On joint ordinairement aux Oeuvres d’Aristote un Traité intitulé mal à propos Rhétorique à Alexandre, que quelques-uns, entre autres Garnier (Mémoires de l’Académie des inscriptions), attribuent à Corax. Si cette opinion est fondée, c’est le plus ancien ouvrage didactique qui existe sur l’éloquence.

Artem esse dicendi. - Qu’il y avait un art de parler. « C’est-à-dire, que l’éloquence pouvait être assujettie à des règles et enseignée comme un art; tandis que d’autres pensent que bien parler est uniquement le fruit de l’exercice et du talent. » Quelques commentateurs, faisant rapporter esse à solitum, entendent que Lysias professa d’abord la rhétorique. Mais il nous semble que les mots, similiter Isocratem primo artem dicendi esse negavisse, confirment le sens que nous adoptons; car ici, artem esse negavisse dit évidemment la même chose que artem removisse, et cette dernière expression est opposée à profiteri artem esse dicendi.

XIII. Hoc autem studium non erat commune Graeciae. Cicéron parle ici de la grande et véritable éloquence, qui en effet produisit à Athènes ses premiers chefs-d'oeuvre.

Du reste, la plupart des rhéteurs qu'il a nommés n'étaient pas d'Athènes, et plusieurs étaient déjà célèbres avant d'y venir. L'esprit humain avait donc pris un grand essor chez différents peuples grecs, séparés d'ailleurs l'un de l'autre par leur situation et leurs gouvernements. Ce ne fut qu'à partir du siècle de Périclès qu'Athènes devint la métropole et le domicile des lettres et de l'éloquence : avantage que sans doute elle dut principalement à son influence politique.

XIV. L. Bruto illi. Voyez Tite-Live, liv., 1, chap. 56.

A Pyrrhi pace. Voyez Plutarque, Vie de Pyrrhus, et les Suppléments de Tite-Live, XIII, 31 et 32. Le discours que Plutarque met dans la bouche d'Appius Claudius est de la plus grands éloquence.

Consulem non accipiebat. Le magistrat qui tenait les comices avait le droit de ne pas recevoir au nombre des candidats ceux contre lesquels il y avait quelque motif d'exclusion. Mais Appius violait les lois en rejetant un candidat par la raison seule qu'il était plébéien.

Lege Menia. La loi Ménia, rendue l'an de Rome 467, obligeait le sénat à ratifier d'avance les choix que ferait le peuple. Avant cette loi, une élection faite par les comices n'était valable qu'après avoir été confirmée ensuite par le sénat, qui, au gré de sa volonté, donnait ou refusait son approbation. (Tite-Live, I, 17, et Cicéron, pro Plancio, 3.) Dès l'an 416, la loi Publilia avait ordonné la même chose pour les lois. (Tit-Liv., VIII, 12. )

XV. M. Corn. Cethegus. Céthégus fut consul l'an 549, l'année même où Caton l'ancien amena à Rome le poète Ennius. La littérature romaine avait commencé trente-neuf ans plus tôt, par une tragédie de Livius Andronicus, la première pièce de théâtre régulière qui ait été représentée à Rome. Voyez Cicéron, Tusculanes, I, 1.

Suadae medulla; littéralement, la moelle de la persuasion. Sénèque, Ép. 22, en parlant de ces vers d'Ennius cités par Cicéron, dit qu'il ne s'étonne pas qu'il se suit trouvé un homme capable de faire de pareils vers, puisqu'il s'en trouve un capable de les louer. Aulu-Gelle, XII, 2, reprend vivement Sénèque à cette occasion; et l'appelle un sot et un mauvais plaisant (ineptus et insubidus). Mais Aulu-Gelle ne dit rien qui justifie le suadae medulla, ni en général les vers dont il est question. On voit seulement qu'il les trouve bons, tandis que Sénèque les trouve ridicules. Nous nous contenterons, nous, de trouver la métaphore de medulla tout à fait étrangère au génie de notre langue.

Ex Nevianis scriptis. Névius était de la Campanie, et par conséquent il avait reçu une éducation grecque. Il donna ses premières comédies à Rome, vers l'an 519. Il imita la licence de l'ancienne comédie grecque, en traduisant sur la scène les chefs du gouvernement. Mais il s'en trouva mal, et mis en prison, ensuite banni, il apprit à ses dépens que ce qui était permis à Athènes du temps d'Aristophane, ne l'était pas à Rome au siècle de Scipion. Les Athéniens étaient les premiers à rire de magistrats, ouvrage de leurs mains. Mais de graves patriciens, gouvernant aristocratiquement, et jaloux de leurs privilèges, ne se laissaient pas impunément livrer à la risée du peuple. Il ne reste que peu de fragments de Névius. La chronique d'Eusèbe dit qu'il mourut en 549, exilé à Utique.

XVI. Mortuorum laudationes. Les éloges funèbres sont très anciens à Rome, puisque Valérius Publicola fit celui de son collègue, le premier Brutus. Cependant cette partie de l'art oratoire n'y atteignit jamais à un certain degré de perfection. On considérait à peine ces discours comme appartenant à l'éloquence. (Thomas, Essai sur les Éloges, 10, imite et traduit en partie ce morceau de Cicéron.)

Licinia et Mucia lege. Allusion à une loi que firent rendre en 658 les consuls Licinius Crassus et Mucius Scévola