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Cette loi ordonnait la perquisition de ceux qui passaient pour citoyens romains sans l’être en effet, et les dépouillait de ce titre. Elle fut une des principales causes de la guerre Sociale ou Italique, qui éclata cinq ans après. (Cicer., de Off., III, 11 ; pro Balbo, 21 ; Fragm. Orat. pro Cornelio.) — Lysias était fils de Céphalus, Syracusain établi à Athènes.

XVII. Jam vero Origines. Caton le censeur publia un ouvrage sur l’Histoire romaine, qu’il intitula Origines, et qui était composé de sept livres. Il ne nous en reste que de très courts fragments. Voyez dans Tite-Live, XXXIX, 40, le beau portrait que ce grand historien fait de Caton.

Concisis. Il y a une différence entre précision et concision. Une phrase précise est celle qui exprime la pensée par les mots convenables, et en rejetant tout ce qui est superflu. Une phrase concise enferme plus de sens que de mots ; elle laisse quelque chose à deviner ; non contente de rejeter le superflu, elle se prive même quelquefois d’une partie du nécessaire. Aussi la précision est-elle une des premières qualités du style : la concision est quelquefois un défaut.

XVIII. Nostri veteres versus. Les plus anciennes poésies des Romains sont les vers fescennins, chantés par les habitants de la campagne aux têtes de la moisson. On peut voir ce qu’en dit Horace, Épître II, 1, vers 139 et suivants. Ennius parait supposer que ces vers, ou de plus anciens encore, avaient été composés par les devins, et par les Faunes, divinités champêtres dont la voix, disait-on, se faisait quelquefois entendre dans l’épaisseur des forêts. Ennius veut dire ici qu’il est le premier chez les Romains qui ait fait parler à la poésie un langage digne d’elle.

Opus aliquod Daedali. Dédale était un statuaire de Sicyone. Le premier il détacha les pieds et les mains des statues qui, avant lui, ressemblaient toutes à certaines figures égyptiennes. C’est donc lui qui fit faire le premier pas à son art, et l’on conçoit que ses ouvrages durent être fort imparfaits. Platon dit que les artistes de son temps se seraient moqués d’un sculpteur qui en aurait fait de pareils. Il ne faut pas le confondre avec le Dédale d’Athènes, ou plutôt de la Fable, auquel on attribue la construction du labyrinthe de Crête, l’invention des voiles, de la scie, de la cognée, du vilebrequin, enfin les plus importantes découvertes des arts et métiers. Voyez à ce sujet le Voyage d’Anacharsis, chap. 37, note 25, et chap. 73, note 10.

Senensi proelio. La bataille de Sienne est celle où le consul Claudius Néro, réuni à son collègue Livius Salinator, défit Asdrubal, et empêcha la jonction de son armée avec celle d’Annibal. On peut voir, dans Tite-Live, XXVII, 43 et suivants, le récit de ce fait d’armes, un des plus beaux et des plus décisifs de la seconde guerre Punique (an de Rome 546).

XIX. Bellum punicum. Névius avait composé un poème historique sur la première guerre Punique. Les fragments qui en restent sont insignifiants. Ennius avait renfermé dans un antre poème toute l’Histoire romaine jusqu’à son temps, en omettant toutefois la partie déjà traitée par Névius. — Quasi Myronis opus. Cicéron a dit plus haut que les ouvrages de Myron ne représentaient pas encore parfaitement la nature, mais que cependant ils étaient déjà beaux. Pline, XXXIV, 8, dit qu’il réussissait bien à exprimer les formes du corps, mais que ses figures manquaient d’expression. Son ouvrage le plus célèbre est une génisse en airain, qui, exposée dans un champ, fit, dit-on, aux véritables génisses une telle illusion, qu’elles accoururent autour de ce métal qui paraissait vivant. Une épigramme de l’Anthologie assez faiblement traduite par Ausone, Épigr. 62, conseille même au bouvier de ne pas s’y tromper.

Pasce greges procul hunc ; ne, quaeso, bubulce, Myronis,
Aes veluti spirans, cum bubus, exagites.

Myron florissait vers l’an de Rome 310, avant J. C. 444.

XX Sulp. Gallus. C’est ce même Sulpicius Gallus qui, suivant Tite-Live, XLIV, 37, fut tribun militaire dans l’armée de Paul Émile, l’année d’après sa préture, et annonça d’avance une éclipse de lune pour la nuit qui précéda la bataille où Persée fut vaincu (an de Rome 585.)

Tib. Gracchus. Tibérius Semprunius Gracchus est le père des deux Gracques, si célèbres par leur zèle pour la cause populaire, et par leur mort tragique.

Scipionem Nasicam. « Scipion Nasica (celui qui fut chargé de recevoir la mère des dieux arrivant de Phrygie) est le seul au monde que le sénat ait déclaré, sons serment, le plus honnête homme de son siècle ; et ce même Scipion, se présentant au nombre des candidats, essuya deux fois la honte d’un refus. Que dis-je ? il ne lui fut point permis de mourir dans sa patrie. C’est ainsi que Socrate, proclamé par Apollon le plus sage des mortels, termina sa vie dans les fers. » Pline, VII, 34, trad de Gueroult. Suivant le même Pline, ch. 31, Corculum, surnom du fils de ce Scipion, signifie le Sage : Praestitere ceteros mortales sapientia, ob id Cati, Corculi, apud Romanos cognominati. COR est pris souvent pour le siége du jugement. Cic., Tusc., I, 9 : Aliis cor ipsum animus videtur, ex quo excordes, vecordes concordesque dicuntur ; et Nasica ille prudens, bis consul, Corculum, et

Egregie cordatus homo catus Aeliu’Sextus

.

Scipion Nasica, l’Homme de bien, était fils de Cnéus Scipion, l’un des deux frères tués en Espagne, et par conséquent il était cousin germain du premier Africain

Quum triumvir coloniam deduxisset. L’an 589, Caton étant censeur, « deux colonies (dit Tite-Live, XXXIX, 44) furent établies : Pollentia dans le Picénum, Pisaure sur le territoire des Gaulois. Chacun des colons eut six arpents. Les triumvirs, chargés de leur conduite et de la répartition des terres, furent Q. Fabius Labéon, M. Fulvius Fiacres, et Q. Fulvius Nobilior. » Le père de celui-ci avait été consul en 584, et chargé de faire la guerre en Étolie. Voyez Tite-Live, XXXVII, 50.

XXI. P. Africanus. Cicéron parle ici de Scipion Émilien, le second Africain, destructeur de Carthage et de Numance, ami de Lélius le Sage, du philosophe Panétius et de l’historien Polybe. Voyez son portrait dans Velléius, I, 13.

XXII. In sylva Sila. La forêt Sila, dans le pays des Bruttiens, aujourd’hui la Calabre, était célèbre, suivant Pline, par l’excellente poix qu’on y recueillait. — Peut-être liberi signifie-t-il non les enfants des associés, mais les hommes libres faisant partie de la société.

XXII. In Galbam. Galba était un des ancêtres de l’empereur de ce nom. Val. Maxime, VIII, 1, dit qu’ayant convoqué les habitants de trois villes de Lusitanie, sous prétexte de conférer sur leurs intérêts, il les désarma, en saisit neuf mille, la fleur de la jeunesse, qu’il tua ou vendit comme esclaves. Suétone dit qu’il en massacra trente mille, et que ce fut la cause de la guerre de Viriate. — Privilegii. Le privilège peut se définir lex ad privatos, ou plutôt ad singulos pertinens, non ad universos. Ces sortes de lois individuelles étaient proscrites par les Douze Tables. Cicéron appelle privilegii similem celle dont il est question ici, parce que sans doute elle avait pour objet apparent l’injustice faite aux Lusitaniens, sans que Galba y fût désigné par son nom, quoiqu’on vît bien qu’il y était réellement attaqué.

XXIV. Dolor. C’est bien à tort que Wetzel remplace ce mot par calor : « Si j’excellais dans les morceaux pathétiques, dit Cicéron, Orat., 37, c’était un effet de ma sensibilité, et non de mon talent, non ingenio sed dolore