Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/17

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attachés à la nue, et les idoles de la terre sont installées dans son ombre.

Un gros poussah doré habite sous le premier portique. Son pied droit, retiré de dessous lui, indique la troisième attitude de la méditation, où subsiste la conscience. Ses yeux sont fermés, mais sous l’épidémie d’or laissant voir la chair rouge d’une bouche distendue dont l’ouverture longue comme un soupirail s’élargit aux coins comme un 8, il rit, de ce rire d’une face qui dort. De quoi jouit l’obèse ascète ? Que voit-il de ses yeux fermés ? De chaque côté de la salle, deux à droite, deux à gauche, quatre colosses peints et vernis, aux jambes courtes, aux torses énormes, sont les quatre démons, les gardiens des quatre plages du ciel. Imberbes comme des enfants, l’un agite des serpents, un autre joue de la viole, un autre brandit, un engin cylindrique pareil à un parasol fermé ou à un pétard. Je pénètre dans la seconde cour ; un grand brûle-parfum de fonte, tout couvert d’écriture, se dresse au milieu.

Je suis en face du pavillon principal. Sur les arêtes du toit, des groupes de petits personnages coloriés se tiennent debout comme s’ils passaient d’un côté à l’autre ou montaient en conversant. Sur le faîte, aux angles, deux poissons roses, dont les longues palpes de cuivre tremblotent, se recourbent, la queue en l’air ; au