Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/180

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ses bras et, la bouche collée sur la mienne, m’étendit, toute tremblante de plaisir et d’effroi, sur cette pompeuse couche. Son ardeur impatiente ne lui permit pas de me déshabiller ! il se contenta de me délacer et de m’ôter mon mouchoir.

Alors ma gorge nue, qu’une respiration embarrassée et mes soupirs brûlants faisaient lever, offrit à ses yeux deux seins fermes et durs tels qu’on se les peut figurer chez une fille de moins de seize ans, nouvellement arrivée de la campagne et qui n’avait jamais connu d’hommes. Leur rondeur parfaite, leur blancheur, leur fermeté, n’étant pas capables de fixer ses mains, elles eurent bientôt raison de mes jupes, et il découvrit le centre d’attraction. Cependant, après une petite résistance tout instinctive, je le laissai maître du champ de bataille.

Comme je n’avais pas fait, en cette conjoncture, toutes les façons qu’exige la bienséance, il s’imagina que je n’étais rien moins qu’une novice et que je ne possédais plus ce frivole joyau que les hommes ont la folie de rechercher avec tant d’ardeur.

Néanmoins cette idée désavantageuse ne ralentit point son empressement ; il tira l’engin ordinaire de ces sortes d’assauts et le poussa de toutes ses forces, croyant le lancer dans une voie déjà frayée. Mais quelle fut sa surprise quand, après maintes vigoureuses attaques, qui me causèrent une douleur des plus aiguës, il vit qu’il ne faisait pas le moindre progrès.

« Ah ! lui disais-je tendrement, je ne puis le souffrir… Non, en vérité, je ne le puis… il me blesse… il me tue. »

Charles ne crut autre chose, sinon que la difficulté venait de sa dimension (car peu d’hommes auraient pu lutter avec lui sous ce rapport) et que peut-être n’avais-je pas eu affaire à personne aussi fortement outillé que lui : quant à se douter que ma fleur virginale était intacte, c’était chose qui ne