Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/237

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du ciel à dessein ; car il était jeune et bien tourné, ce qui était plus que je n’en demandais ; l’homme était ce que mon cœur désirait de connaître. Je crus ne devoir ménager ni mes yeux, ni ma voix, ni aucune avance pour l’encourager à répondre à mes désirs. Je levai donc la tête, pour lui dire que sa mère ne pouvant revenir que vers la nuit, nous ne devions rien craindre de sa part ; mais je vis bientôt que je n’avais pas besoin de l’encourager et qu’il n’était pas si novice que je le croyais, car il me dit que si j’avais connu ses dispositions, j’aurais eu plus à espérer de sa violence qu’à craindre de son respect.

« Voyant que les baisers qu’il imprimait sur ma main n’étaient pas dédaignés, il se leva, et collant sa bouche sur mes lèvres brûlantes, il me remplit d’un feu si vif que je tombai doucement à la renverse et lui avec moi. Les moments étaient trop précieux pour les perdre en vaines simagrées ; mon jeune garçon procéda d’abord à l’affaire principale, pendant qu’étendue sur mon lit je désirais l’instant de l’attaque, avec une ardeur peu commune à mon âge. Il leva mes jupes et ma chemise. Cependant, mes désirs augmentant à mesure que je voyais les obstacles s’évanouir, je n’écoutai ni pudeur, ni modestie, et chassant au loin la timide innocence, je ne respirai plus que les feux de la jouissance ; une rougeur vive colorait mon visage, mais insensible à la honte, je ne connaissais que l’impatience de voir combler mes désirs.

« Jusqu’alors je m’étais servie de tous les moyens qui m’avaient paru propres à soulager mes tourments ; mais quelle différence de ces attouchements à mon insipide manuélisation !

« Enfin, après s’être amusé quelque temps avec ma petite fente, qui palpitait d’impatience, il déboutonne son gilet et son haut-de-chausse, et montre à mes regards avides l’objet