Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/241

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d’entreprendre l’instruction pratique de toutes les jolies femmes qui leur plaisaient assez pour motiver leur genre et qui montraient du goût pour cette instruction. Mais comme une telle ouverture pouvait être violente, trop choquante pour une jeune novice, les anciens devaient donner l’exemple, et il espérait que je le suivrais volontiers, puisque c’était à lui que j’étais dévolue pour la première expérience. Toutefois, j’étais parfaitement libre de refuser : c’était, dans son essence, une partie de plaisir qui supposait l’exclusion de toute violence et de toute contrainte ».

Ma contenance exprimait sans doute ma surprise, et mon silence mon acquiescement. J’étais embarquée désormais et parfaitement décidée à suivre la compagnie dans n’importe quelle aventure :

Les premiers qui ouvrirent le bal furent un jeune guidon des gardes à cheval et cette perle des beautés olivâtres, la voluptueuse Louisa. Notre cavalier la poussa sur le sopha, où il la fit tomber à la renverse et s’y étendit avec un air de vigueur qui annonçait une amoureuse impatience. Louisa s’était placée le plus avantageusement possible ; sa tête, mollement appuyée sur un oreiller, était fixée vis-à-vis de son amant et notre présence paraissait être le moindre de ses soucis. Ses jupes et sa chemise levées nous découvrirent les jambes les mieux tournées qu’on pût voir et nous pouvions contempler à notre aise l’avenue la plus engageante bordée et surmontée d’une agréable toison qui se séparait sur les côtés. Le galant était débarrassé de ses habits de dentelles et nous montrait sa virilité à son maximum de puissance et prête à combattre ; mais, sans nous donner le temps de jouir de cette agréable vue, il se jeta sur son aimable antagoniste, qui le reçut en véritable héroïne. Il est vrai que jamais fille n’eut comme elle une constitution plus heureuse pour l’amour et une vérité plus grande dans l’expression