Page:Cleland - Mémoires de Fanny Hill, femme de plaisir, 1914.djvu/242

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de ce qu’elle ressentait. Nous remarquâmes alors le feu du plaisir briller dans ses yeux, surtout lorsqu’elle fut aiguillonnée par l’instrument plénipotentiaire. Enfin, les irritations redoublèrent avec tant d’effervescence qu’elle perdit toute autre connaissance que celle de la jouissance qu’elle éprouvait. Alors elle s’agita avec une fureur si étrange qu’elle remuait avec une violence extraordinaire, entremêlant des soupirs enflammés à la cadence de ses mouvements et aux baisers de tourterelles, aux pénétrantes et inoffensives morsures qu’elle échangeait avec son amant, dans une frénésie de délices. Enfin, ils arrivèrent l’un et l’autre à la période délectable. Louisa, tremblante et hors d’haleine, criait par mots entrecoupés :

« Ah ! monsieur, mon cher monsieur…, je vous… je vous prie… ne m’épar… gnez… ne m’épargnez pas… ah !… ah !…»

Ses yeux se fermèrent langoureusement à la suite de ce monologue et l’ivresse la fit mourir pour renaître plus tôt sans doute qu’elle n’aurait voulu.

Lorsqu’il se trouva désarçonné, Louisa se leva, vint à moi, me donna un baiser et me tira près de la table, où l’on me fit boire un verre de vin, accompagné d’un toast honnêtement facétieux de l’invention de Louisa.

Cependant, le second couple s’apprêtait à entrer en lice ; c’étaient un jeune baronnet et la tendre Harriett. Mon gentil écuyer vint m’en avertir et me conduisit vers le lieu de la scène.

Harriett fut donc menée sur la couche vacante. Rougissant lorsqu’elle me vit, elle semblait vouloir se justifier de l’action qu’elle allait commettre et qu’elle ne pouvait éviter… Son amant (car il l’était véritablement) la mit sur le pied du sopha et, passant ses bras autour de son cou, préluda par lui donner des baisers savoureusement appliqués sur ses