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Page:Collectif - Le diamant souvenirs de litterature contemporaine.pdf/228

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plus convenable pour n’attirer l’attention, ni par sa pauvreté, ni par son élégance. Tom vient la prendre à l’heure indiquée ; elle entre avec lui dans une maison d’une singulière apparence. Elle traverse plusieurs chambres remplies de buveurs, qui chantent et jurent à faire trembler. Tom ouvre une porte et la fait entrer dans une grande salle, où plusieurs femmes entourent une immense table couverte de mets grossiers et de bouteilles de shrob. Des jeunes gens arrivent et se placent à côté de ces dames. Georgina espère qu’Henri est parmi eux ; mais non, ce sont des gens d’une autre classe : bientôt le bruit augmente ; on s’injurie, on se bat ; les buveurs des chambres voisines se mêlent au combat ; le sang coule, les femmes crient, et le constable paraît. On s’empare des femmes, on sépare les combattants, et Georgina est confondue parmi les misérables qui, moitié ivres, moitié furieuses de colère, se répandent en injures contre l’autorité, qui les fait conduire dans un lieu de refuge.

Stupéfaite, anéantie par ce traitement dont elle ne comprend point la cause, Georgina ne tente même pas de réclamer contre la mesure qui la plonge dans un lieu d’infamie ; elle ignore encore dans quel affreux repaire elle a été conduite et quand on le lui apprend, ce nouveau malheur, qui la sépare à jamais de Henri, la jette dans un désespoir stupide. Elle ne voit plus, n’entend plus, sa vie est suspendue.