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Page:Collectif - Le diamant souvenirs de litterature contemporaine.pdf/229

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« Allons, suivez-moi, lui dit-on un matin, on va mettre à la voile, et si le ciel nous protége, vous serez dans trois mois avec de bons gaillards qui ne vous feront pas la mine. Venez, mon enfant, que le ciel vous en réserve un moins méchant que les autres. »

En disant ces mots, le matelot entraînait Georgina vers le port.

Pendant ce temps, Henri, fatigué d’un long hiver passé sur le continent, arrivait à Boulogne, espérant retrouver dans les bains de mer la santé que les plaisirs de Paris avaient fort altérée. Ces plaisirs, auxquels il a sacrifié son bonheur, celui de Georgina, il commence à les apprécier ce qu’ils valent, et ses sens blasés lui font regretter les vives, les douces émotions que le cœur seul donne.

La saison des bains avait attiré un grand nombre d’Anglais à Boulogne ; mais las du monde et de la monotonie attachée à toutes ces relations où la sympathie n’entre pour rien, sir Henri vivait seul, choisissant pour sortir les heures où tout le monde rentre chez soi, et fuyant tous les lieux de réunion. Les gens de sa connaissance attribuaient cette misanthropie soudaine à un mauvais état de santé, et attendaient son rétablissement pour l’entraîner de nouveau dans le tourbillon des plaisirs.

Mais sa maladie était dans l’ame. L’homme le plus léger n’est pas toujours aussi insensible qu’il le croit,