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Page:Collectif - Le diamant souvenirs de litterature contemporaine.pdf/230

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l’ennui, la souffrance réveillent parfois en lui des sentiments engourdis par la vanité et il n’est pas rare de lui voir regretter le bien dont il ne saurait plus jouir, car le vrai bonheur ne se passe point de pureté. Dans ces moments de souvenirs, où l’image de Georgina, parée de tant de charmes, plus belle encore de confiance et d’amour, lui apparaissait comme un remords vivant, il ne pouvait résister au tourment qui l’agitait. Alors il marchait à grands pas vers le rivage, et cherchait dans l’air froid de la nuit, dans le bruit des vagues, dans l’aspect imposant de l’immensité, un soulagement contre le sentiment qui l’oppressait, et ce calme qui naît du dédain de soi-même.

Un jour qu’il était resté aux bains plus tard qu’à l’ordinaire, il voit les flots se gonfler ; un ouragan épouvantable s’annonce. Alors, s’habillant à la hâte, Henri court à la plage : déja tous les matelots du port y sont rassemblés. On signale un bâtiment en détresse. C’est un trois-mâts, il ne porte point de pavillon. À la longue vue, il est facile de voir qu’il cherche à gagner le large ; les vents le repoussent sur la côte ; s’il échoue, c’est fait de lui.

La tempête augmente, la mer est plus affreuse que jamais… Le vaisseau échoue !… là presque en face de l’établissement des bains ; avec le secours de la lorgnette on peut distinguer l’équipage. Des marins se précipitent de tous côtés sur la grève,