Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/772

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compliments, à mon tour, répondis-je, et veuillez dire à votre maître que l’objet de ma visite doit se traiter avec lui seul… De nouveau, elle me quitta, — revint de nouveau, — et, cette fois, me pria d’entrer.

Je la suivis à l’instant même. La seconde d’après, je pénétrais chez le comte.


VII


Il n’y avait point de lustre dans le vestibule ; mais, à la clarté douteuse de la chandelle de cuisine que le domestique avait montée pour m’éclairer, je vis une dame d’un certain âge sortir à petit bruit d’une des chambres du fond, au rez-de-chaussée. Comme j’entrais sous le vestibule, elle me jeta un regard de vipère, mais ne prononça pas une parole, et monta lentement à l’étage supérieur, sans me rendre le salut que je lui avais adressé. J’avais assez lu le « Journal de Marian » pour reconnaître en cette personne, sans risque d’erreur, madame la comtesse Fosco.

La fille de service me conduisit vers la pièce que la comtesse venait de quitter. En y entrant, je me trouvai face à face avec le comte.

Il avait encore son costume de soirée, à l’exception de l’habit, négligemment jeté sur le dossier d’un fauteuil. Ses manches de chemise étaient relevées au-dessus du poignet, — mais non plus haut. D’un côté, il avait près de lui un sac de nuit ; de l’autre, une caisse. Des livres, des papiers, des effets d’habillement étaient éparpillés dans la chambre. Sur une table, à côté de la porte, était installée la cage, si souvent décrite par Marian, où il logeait ses petites souris blanches. Les serins et le kakatoès habitaient sans doute quelque autre pièce. Lui-même était assis devant la caisse, qu’il s’occupait à garnir, et à mon entrée, il se leva pour me recevoir, tenant quelques papiers à la main. Sa figure gardait encore des traces bien